Journal jusqu'au 19 novembre inclus
Sur la photo de présentation, de droite à gauche dans le cafénéion du village, Panayota la patronne de 85 ans ; Nikolaos le président de l’association à laquelle je loue la maison ; Yannis, le gendre de Panayota.
Ensuite : Ma cuisine salle à manger, Le Pirée de nuit, Marc chef végétarien à l’œuvre, photos de Sylvie à Toulouse, Les 4 évangéliste de N Gontcharova au Palais Strozzi, la fondation Vasarely et 2 de ses œuvres, sculpture sur sable dans la rue à Aix, sculpture cycladique à Athènes, paquet de biscuits aux "amygdala", vieil olivier près de chez moi
20 novembre : Je viens de terminer la relecture d'un roman, La cité sans murailles (Tobias Hill, Ed. Rivages), que j'ai lu il y a quelques années et qui m'avait beaucoup marqué. Entre roman classique et thriller, ça se passe dans le cadre d'un chantier archéologique à Sparte. Le "héros", Ben, Anglais doctorant, quitte Londres ayant été quitté par sa femme, on ne saura que longtemps après pourquoi, et réussit par hasard à se faire embaucher sur le chantier de fouilles. Le groupe de "singes pelleteurs" se scinde progressivement en deux pour des raisons pas très jolies". Un livre très riche en documentation historique et archéologique, qui montre magistralement un processus de manipulation humaine.
J'ai découvert dans le livre, cette citation d'Einstein : "le monde est difficile à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire". C'est d’ailleurs la morale implicite du roman.
J'avais dans ma bibliothèque un roman de Lawrence Durell, Cefalu, que depuis longtemps je souhaitais lire et c'est ici que je l'ai finalement fait au début de mon séjour. Ça se passe en Crète dans un lieu imaginaire, puisque Cefalu est en Sicile. C'est une histoire qui se passe dans un labyrinthe (il est ainsi nommé) de grottes, dans lequel se perdent des touristes anglais lors d'une escale de leur paquebot à La Canée (ville de l'Ouest de la Crète). Un éboulement ajoute un caractère tragique à l'histoire mais tous ne périront pas et car il se produira un événement surnaturel qui donnera une fin à la fois étrange et magnifique au roman. C'est un livre puissant et allégorique, un sorte de conte. son caractère très classique lui fait donner une part trop importante à mon gré, aux longues descriptions. Je n'aime plus cela mais ça ne m’empêche pas de le considérer comme une œuvre majeure.
En revanche, j'avais relu Le colosse de Maroussi de H. Miller, avant de partir et il m'avait déçu. Miller était un ami de Durell dont il parle dans le Colosse de Maroussi, qui est une sorte de relation de voyage mais que je trouve aujourd'hui sans intérêt.
Encore un temps sublime aujourd'hui. J'aime profondément la mer et le soleil. Tout est plus facile dans ces conditions. Bien nagé dans ma piscine géante.
le19 novembre : le temps passe. Ça va bientôt faire deux mois que je suis parti et plus d'un mois que je suis à Saint Spiridon. Ce qui me frappe le plus est que, loin de mon cadre habituel, sans contrainte, totalement libre au sens matériel du terme, je ne sais pas toujours ce que je vais faire le lendemain. En fait les choses se font, volontairement ou involontairement. Plutôt volontairement néanmoins. C'est un état étrange, souvent agréable, et parfois anxiogène. Mais je m'organise des contraintes (pas trop quand même) pour structurer le temps. Je ne suis pas un contemplatif mais j'apprécie aussi ces moments de vide qui me font réfléchir, écrire quand je ne l'avais pas prévu. Les cours de Grec, c'est structurant, la natation aussi. Les amis, au téléphone, par blog interposé, c'est précieux, ça permet de ne pas devenir un Anachorète comme m'a dit Virginie tout à l'heure, ou un Cénobite ai-je ajouté (évidemment je n'ai pu m'empêcher de citer Appolinaire : "les Cénobites tranquilles"). Donc le temps est ce qu'on en fait. Mais j'avais éprouvé cela au début de ma prise de retraite.
Aujourd’hui, il faisait très beau, plein soleil mais un vent d'Est (anatoli en Grec ; c'est intéressant pour les géographes) très désagréable pour nager (houle et clapot). Il faut adopter une stratégie pour ne pas avaler d'eau lors des temps de respiration et nager sur 4 temps plutôt que 3 en crawl ; j'ai choisi 4 temps et "bout au vent" et retour en vent arrière. Ce sont les allures les moins inconfortables, pour parler comme un marin.
Quand viennent les amis, c'est génial, parce que ça donne un horizon, des préparatifs et ça me fait voyager vers Héraklion pour aller les chercher. J’essaye de changer de route à chaque fois. Quand Didier est venu, nous sommes passés par la route Sud afin de nous baigner au plus vite après sa nuit de ferry depuis Le Pirée. On est habitués à voyager ensemble, comme on randonnait avant. On a beau bien se connaître, c'est un bonheur de se retrouver ensemble mais dans un autre pays. Il adore comme moi la Crète. Vendredi, je pars à Héraklion pour aller chercher une amie, Martine, qui arrive par avion. Je me prépare, je fais des provisions, etc., pour lui faire bon accueil.
Et puis il y a les imprévus : quand Didier était là, nous avons été invités à une fête au village voisin pour le début de la distillation du Raki. Une soirée amicale et évidemment arrosée (heureusement, je n'aime pas cet alcool). Un magnifique Alambic en cuivre (qui fonctionne pendant deux mois pour ceux qui ont l'autorisation d'en posséder un). Des gens adorables autant qu'accueillants, qui chantent avant d'avoir bu, et après encore plus. Des moments inoubliables. Grande gentillesse, grande simplicité. La fête ni plus ni moins.
18 novembre : à 9h il ne faisait pas beau, il avait plu toute la nuit. J'ai quand même pris la voiture pour Ierapetra, bourg symétrique de Sitia mais au sud. De là je suis allé vers le Nord par la montagne, vers Aghios Nikolaos afin de revoir un lieu magique. Il s'agit d'un col à partir duquel on voit la mer Égée d'un côté et la mer de Libye de l'autre. C'est situé dans cette partie de la Crète que j'appelle sa taille de guêpe. Si vous regardez une carte vous verrez ce rétrécissement de l’île à l'est, qui rend les côtes Nord et Sud si peu éloignées. Retour vers 18h. J'ai pris un raccourci pour éviter Sitia. Épique ! La route devenait un chemin plein de nids de poules. Mais c'est redevenu de la route après 2km. Ce n'est pas rare en Crète dès qu'on quitte les voies principales.
Le col où je voulais passer était dans les nuages et l'orage. Et rien à voir vers le sud, uniquement le Nord qui présentait un ciel en lavis d'aquarelle. Sublime tableau de nuages gris clair, de rose et de bleu de mer et d’horizon confondus. J'ai tout de même eu ce lot de consolation plus un autre : l'humidité faisait monter du sol des effluves d'humus, de pierres, de pins et d’eucalyptus. Délicieuse odeurs. J'ai pris ce qui se donnait et, demain il fera beau, évidemment !
17 novembre : Kalo (bon) savvatokyriako (vous devriez savoir ce que ça veut dire si vous avez lu mon journal) à toutes celles et ceux qui me liront aujourd’hui. J'ai fait l'aller et retour à Sitia pour me baigner malgré la presque-absence de soleil qui timidement formait un halo dans les nuages. Il ne faisait pas froid pour autant mais ça n’incitait pas au bain de soleil. C'est la première fois que je fais ça. D'habitude, je reste au moins une à deux heures sur la plage. C'est un peu comme si j'étais allé à la piscine. D’ailleurs la mer dans la baie de Sitia était d'huile. Un vrai lac. Donc idéale pour nager. Retour rapide pour manger un repas banal mais délicieux : salade de tomates, feta, l'ensemble accompagné de pain blanc peu salé grillé à la poêle dans l'huile d'olive (il prend alors un goût très fin). Simple mais divin. Une pomme et un jus d'orange.
Cet après-midi je suis allé me promener sur un coteau autour du village. Je suis descendu vers le fond d'une petite vallée au milieu des oliveraies. Impression de me promener dans un jardin. Ce n'est pas par hasard que la mythologie attribue la naissance de l'olivier, si bel arbre, à Athéna. Un arbre quasi-divin, beau et prodigue en olives. J'ai cueilli de la sauge et de la menthe dont regorgeait mon chemin. Les odeurs sont merveilleuses. J'ai pris en photo un olivier sans doute très vieux, que je joins à la galerie de photo ci-dessus.
16 novembre : réveil pâteux, mal dormi, froid. Dès que le jour tombe, le temps se rafraîchit très vite. J'ai noté une différence de température de 3 degrés entre ici et Sitia le matin. La nuit je pense que c'est nettement plus. J'ai bien essayé la clim réversible qu'il y a dans ma chambre mais ça produisait du froid. En fait je n'avais pas vu que la télécommande s'ouvrait pour accéder à "un menu chaud". Nikos m'a montré ça tout à l'heure et je l'ai béni comme s'il était Saint Spyridon en personne. A ce propos je me permets de pomper un article de Wikipédia :
Saint Spyridon (en grec : Ο Άγιος Σπυρίδων, Επίσκοπος Τριμυθούντος) fut évêque de Trimythonte à Chypre où il est très vénéré, où on lui attribue de nombreux miracles qui lui valent le surnom de St Spyridon le Thaumaturge (Ο Άγιος Σπυρίδων, ο Θαυματουργός). Sa légende veut qu'il ait d'abord été berger, ou du moins propriétaire d'un grand troupeau de brebis. Il est représenté, dans la tradition iconographique orthodoxe, coiffé, par humilité, d'un bonnet de berger. Il est fêté le 12 décembre.
Crédit : Wikipédia en français.
En fait j'ai bien un poêle à bois que j'ai commencé à utiliser il y a peu, le soir. Mais il chauffe l'enfilade des pièces et, comme la chambre est à angle droit par rapport à ces dernières et le mur de séparation extrêmement épais, le poêle ne la chauffe pas du tout.
Ce midi je suis allé sans conviction à Sitia et malgré le soleil radieux, je n'ai pas nagé. Ah ben ça alors, c'est bizarre. En fait j'avais envie d'être chez moi et de lire. J'ai mangé de la purée de patates aux olives noires que j'avais faite hier soir avec le presse-purée chinois en plastique (copié sur notre moulinex national). La maison n'est pas équipée pour un long séjour et Nikos m'a demandé de faire tous les achats nécessaires que je déduis de mon loyer. Au début il les faisait lui-même avec ma liste mais, par exemple le presse-purée était devenu un "mixer plongeur". Beaucoup d'allers et retours pour lui chez le marchand. Donc j'ai obtenu de me débrouiller. Youpi. Je suis éberlué par tous les biens manufacturés mentionnés "made in RPC" qu'on trouve ici. C'est un véritable comptoir chinois. Pas pour rien que le port du Pirée a été racheté par des Chinois. Ça montre bien combien leur "nouvelle route de la soie" est une machine de guerre économique. Puis après la purée en partie made in China, sieste-lecture divine. Et puis je laisse le temps s'écouler tranquillement en remplissant mon répertoire de Grec.
Au moment où je finis d'écrire, il est ici 19h30. Je suis invité à l'apéro. Mezze en vue. Je mets mon costume du samedi soir...
14 et 15 novembre : le beau temps est revenu, timide le 14 mais je me suis baigné ; puis soleil radieux le 15, 23°. Pourvu que ça dure. J'ai mangé un gyropita (sandwich à la viande cuite sur des broches verticales, avec du Tzatziki, de la tomate, des frites etc.) pour la première fois. Sans transition : acheté un répertoire pour les mots grecs que j'apprends. Le plus difficile est de bien orthographier l'accent tonique qui s'écrit, comme à l'oral. Pratique pour prononcer quand on lit mais difficile pour l'orthographe. Des trucs marrants : weekend se dit savvatokyriako (ie : samedidimanche), amande se dit amygdalo ; de là à avaler ses amygdales à l'apéro... Eh oui c'est bien dû à sa forme d'amande qu'une amygdale se dit ainsi. Les jours à part samedi et dimanche sont construits à partir des adjectifs numéraux ordinaux. Exemple : lundi se dit devtera, c'est à dire le deuxième jour car on compte à partir de dimanche, kyriaki, qui signifie "jour du seigneur".
13 novembre : c'est la date à laquelle dans mon enfance on me souhaitait la Saint Stanislas. Pourtant les calendriers mentionnent le 11 avril, en souvenir du martyre Stanislas de Cracovie au 11° siècle. Le mien serait : Stanislas Kotska, jésuite du 16° si je ne me trompe. A dire vrai ça ne me préoccupe guère mais je trouve le nom Kotska assez classe. Donc je préfère celui là. Aujourd'hui temps nuageux ce matin avec incursions non négligeables de soleil. Ça ne m'a pas empêché de nager mais je n’ai pas fait de vieux os sur la plage. Mon déjeuner dans un petit resto du port consistait en une assiette de Tzatziki avec du pain et un verre de jus d'oranges pressées (elles sont délicieuses, c'est la saison et j'adore voir les orangers couverts de fruits, avec leurs feuilles d'un beau vert profond, c'est très joli). Les jus de fruits sont généreusement généreux, tout comme le Tzatziki considéré ici comme un hors-d’œuvre mais qui me suffit étant donnée la quantité servie pour mon repas. Je ne m'en lasse pas et j'adore les pains qu'ils servent avec (pain blanc souvent légèrement brioché, pain noir, pain séché très parfumé). Le tout pour 6,5€... J'ai fait ensuite quelques courses dont le fameux Straggisto, yaourt grec épais et crémeux au lait de vache, notamment utilisé pour le Tzatziki. Comme je n'ai jamais vu de bovins en Crète, j'ai demandé à Pavlos, un habitant de mon village d’où venait le lait. Il m'a dit que c’est au nord de la Grèce qu'on fait de l'élevage bovin. La race est petite et propre à la Grèce. Je ne suis jamais allé au dessus de Delphes, donc c'est normal que je n'ai pas vu en Grèce ces animaux à effet de serre (les pets de vache sont riches en méthane). Comme je vais ramener ma voiture en France fin décembre, je pense m'embarquer par Igoumenitsa plus au nord en Épire, au lieu de Patras dans le Péloponnèse afin de voyager dans le nord et notamment aller voir les Météores, fameuses formations géologiques en espèces de pains de sucre où sont perchés des monastères peut-être y aura-t-il des vaches... Sans transition : après une sieste pas du tout crapuleuse, malheureusement ; délicieuse tout de même, j'ai mis le nez à la fenêtre pour constater que le village rimait avec nuage. On n'y voyait rien à 50 mètres. Et puis il a plu et, enfin est revenu un peu de soleil juste avant qu'il se couche. En revanche la température est restée autour de 22° avec un vent d'ouest pas trop méchant. Donc en un mois j'aurai eu un jour un peu gris, il y a trois semaines et un très nuageux, aujourd'hui. Bilan météo : j'ai vu pire. Ceci dit il est 20h et j'entends de l'orage et il s'est mis à pleuvoir sérieusement. Je n'ai pas l’habitude...
12 novembre
Réveil à 7h, "mon" chat que j'ai appelé Toplou, aimant bien ce nom de monastère (cf. "randonnées") est à ma porte et me réclame des croquettes. Il est très affectueux mais a très peur de rentrer. J'ai réussi pourtant à l'attirer. J'ai fermé la porte derrière lui. il a voulu sauter par une fenêtre mais il y a des moustiquaires partout et il était vraiment très étonné de ne pas passer au travers. Rassurez-vous je l'ai libéré en le prenant dans mes bras pour lui montrer la porte que j'avais rouverte.
Quelques exercices de Grec dans mon manuel avant mon cours à 10h30 chez Marie à Sitia. Elle est Grecque née en France mais ses parents lui ont appris la langue. Moyennant quoi son prof (français) de Grec ancien lui disait qu'elle parlait mal sa langue parce qu'il ne connaissait pas le Grec moderne. Les différences sont essentiellement dans la prononciation et dans la grammaire mais, par écrit les mots sont les mêmes. En revanche nos profs, comme pour Marie, nous faisaient pratiquer la prononciation dite érasmienne, remise en cause aujourd'hui. Par exemple "je suis" s'écrit "eimai" et nous le prononcions eillemaille, mais aujourd'hui on prononce "imè". Le béta (qui ressemble à un "b",graphiquement) se dit vita ; "to biblio" (le livre) se prononce "to vivlio", "eu" se prononce "ev" et nombreux sont les exemples. J'ai de ce fait dans mon apprentissage, du mal à perdre mes réflexes de prononciation érasmienne. Ils ont tendance à ressurgir à certains moments... Mais c'est super de progresser même si je sais actuellement dire peu de choses de manière fluide. Quelques expressions quand même, comme : "qu'est ce que c'est que ça, comment allez vous, je vous présente mon ami Didier" sont devenues automatiques et évidemment "je voudrais un verre de vin blanc ou rouge", "comment dit-on ça en Grec ?..."
Après mon cours je suis allé nager comme tous les jours depuis mon arrivée au sud de l'Italie, soit depuis le 10 octobre. La température extérieure était de 25 degrés et celle de l'eau à 20. Un Grec m'a dit que pour lui c’était très froid. En revanche la fille de Panayota (patronne du cafénéion, cf. "mon village") se baigne tous les jours de l'année. Donc on verra jusqu’à quand je tiendrai. A tout hasard j'ai emmené de France ma combinaison "shorty" pour tester l'eau en hiver. Le vent ce matin était de sud-est et provoquait une houle qui rendait la natation un peu agitée avec du clapot. J'ai presque eu le mal de mer. La piscine me manque pour l’entraînement mais c'est tellement agréable de nager dans la mer.
Je suis ensuite allé acheter un drap housse pour mon lit car j'ai des draps immenses sans élastiques et mon matelas est très lourd et directement posé sur l'estrade (cf. photo), et c'est très difficile de faire mon lit dans ces conditions. En Grec un drap housse se dit "drap du dessous avec élastique, katosentono me lastiktcho". Impossible de trouver 1,4 m de large. Uniquement 1,1 ou 1,6. Bizarre.
Puis je suis rentré à la maison pour le déjeuner et me suis pressé une orange pour ne pas boire de vin (ici c'est une catastrophe ce que les villageois boivent), et fait une salade de tomates avec de l'oignon rose, un peu de féta et de l'huile d'olive que les villageois me procurent gratuitement (c'est la leur et elle est vraiment délicieuse. La récolte vient de commencer depuis la semaine dernière).
Marie, ma prof à qui je demandais pourquoi on venait de commencer la récolte alors que Marc m'a dit qu'en Italie on l'avait faite en octobre, m'a expliqué (son conjoint, Dimitri est cultivateur) que leur variété (très petite) est très différente et mûrit plus lentement. C'est ce qui fait que l'huile de Crète et, particulièrement celle de Sitia, est mondialement réputée. Les petites olives d'ici sont les plus oléagineuses malgré leur taille et possèdent un arôme très fruité. En revanche les grosses olives de Kalamata, en Grèce continentale (Péloponnèse sud), qui sont très réputées pour la dégustation, sont peu oléagineuses.
Et puis j'ai lavé du linge et, berk, fait du repassage (je m'améliore). Puis je me suis arraché les cheveux (c'est physiquement impossible, en ce qui me concerne, oui, oui je sais) avec un problème de connexion au web, avant de pouvoir écrire cet article dans mon blog. La box ne fonctionnait pas normalement parce qu'il y a eu ce matin une panne de courant (ce qui est assez... courant malgré les champs d'éoliennes et les panneaux photovoltaïques très nombreux en Crète). Mais comme dit un type passionnant que j'ai découvert grâce à Didier, J. Marc Jancovici (cf. son interview sur France culture, jeudi dernier, qui a fait des remous), "l'ennui avec les éoliennes c'est les TGV ne roulent que s'il y a du vent ; avec le photovoltaïque, que s'il y a du soleil". Ainsi le grand problème de l'énergie renouvelable, c'est sa régularité pour l'heure impossible. Ici on pourrait supposer que c'est plus simple mais ce n'est pas le cas.
Bon, j'en ai marre j'arrête. 18h c'est l'heure de l'apéro...
Ps : Didier m' fait aussi connaître une radio du web étonnante et passionnante : ThinkerView" (je remarque qu'on peut lire TV dans son nom) dont je suis devenu accro).
Ps² : je dîne vers 18h30 depuis le changement horaire car du coup en montagne il fait nuit vers 17h30 (et ça va pas s'arranger jusqu'au solstice). Je me couche entre 20h30 et 21h30, bouquine dans ma chambre douillette et me lève vers 07h.
11 novembre
Beaucoup nagé (deux fois 20 minutes soit environ 1500 mètres avec la houle même légère comme aujourd'hui, contre environ 2000 en piscine).
Bonne sieste après avoir fait des courses et mangé un spanacopita (feuilleté aux épinards, typiquement grec). Je me suis réveillé en sursaut en me demandant où j'étais, "qu'est-ce que je fais ici". Ça m'arrive de temps en temps et ça me fait bien rire, comme si en fait il n'y avait pas vraiment de réponse certaine (amour de la Crète, envie de changement, détestation de plus en plus marquée en vieillissant pour l'hiver, affinité culturelle avec la Crète et la Grèce, temps lent, villageois très sympathiques...) mais un mélange de motivations et surtout un vrai plaisir de vivre lentement. Et puis j'ai deux ans d'attente pour avoir mon nouveau logement à Nantes. Donc du temps.
J'ai regardé les deux derniers épisodes de la saison 1 d'une série espagnole dont on avait Didier et moi vu les 6 précédentes "Hache". Addictif. Vivement la saison 2.
Du 31 octobre au 08 novembre : Didier est venu me voir. On a pu faire de belles promenades et une randonnée mémorable (cf. rubrique rando : Toplou), On a revu ensemble Zorba le Grec et c'est doublement impressionnant : La misère en Crète début 20° et l'extraordinaire prestation d'Antony Quinn. Un dimanche on a failli tomber en panne d'essence en pleine montagne car je misais sur les nombreuses stations y compris dans de petits villages. Mais j'ignorais encore que le dimanche elles sont fermées. De village en village on nous envoyait au suivant... En roulant doucement on a décidé d'aller vers Sitia où l'on a pu faire le plein. La route la plus directe était invraisemblable. Complétement défoncée, chaotique. Un tronçon d'environ 10 km en une demi-heure...
J'ai accompagné Didier à Athènes. On y a passé une journée ensemble et je lui ai fait connaître le musée des arts cycladiques qui est exceptionnel, tant par la richesse de ses collections que par son cadre (cf. photo de sculpture emblématique de femme stylisée).
15 octobre : arrivée à Aghios Spiridonas. Très bon accueil. Je pars aussitôt nager.
13 octobre fin de la traversée à 13h, je meurs de faim. Je n'avais pas de cash sur moi et le terminal de paiement électronique de la cafétéria du bateau était HS. Donc joie intense de dévorer un Koriatiki (salade grecque) dans une taverne très accueillante de Patras où il y avait un repas de noce. Les gens étaient charmants et, comme toujours en Grèce, chantaient.
12 Octobre à 21h : ferry à Brindisi dans les Pouilles, 16 heures de traversée pour Patras dans le Péloponnèse.
02 à 10 octobre : chez Marc et Katia à Florence et Prulla. Hospitalité d'un ami d'enfance. Nous étions ensemble et avec Didier en 4° au lycée Janson de Sailly. Plus de 50 ans qu'on se connaît. Je pense que l'amitié est un bienfait extraordinaire de l'existence et qu'il faut la cultiver. Marc est passé maître dans l'art de la cuisine végétarienne. Un vrai artiste, comme on le voit sur la photo. A Florence j'ai pu voir une exposition au Palais Strozzi sur la peintre russe Natalia Gontcharova (1881/1962). Le titre était Natalia Gontcharova entre Gauguin Matisse et Picasso, ce qui m'a agacé car, si se trouvent effectivement des influences de ces peintres dans ses tableaux, c'est réducteur, car elle a constamment été en recherche aussi bien comme peintre que pour des décors de théâtre et des costumes pour les ballets russes de Diaguilev. Une des influences les plus fortes sur sa peinture, reste la tradition russe et l'art de l'icône comme le montre la photo de ce quadriptyque que j'aime particulièrement représentant les 4 apôtres du nouveau testament, entre icône, vitrail et peinture classique, avec un équilibre étonnant des couleurs.
Nous sommes allés 2 fois à Prulla avec Marc dans leur jolie maison qui domine la vallée de Sarzanna et de laquelle on aperçoit la mer dans un triangle inversé formé par deux montagnes qui se rejoignent. La nuit, le phare.
29, 30 septembre et 01 octobre à Aix en Provence chez Philippe et Guylaine. Guylaine est toujours aussi bonne cuisinière et particulièrement d'inspiration indienne. Quand on se voit (malheureusement peu souvent à cause de la distance) ils me racontent leurs voyages, leur passion commune, dont le dernier au Guatemala, après l'Inde, la Birmanie, etc. toujours hors des sentiers battus et des circuits touristiques habituels (en Birmanie chez des habitants dans des yourtes). Évidemment nous sommes montés à la Sainte victoire (cf. la rubrique "rando") que Philippe gravit au moins deux fois par semaine avec l'asso "les amis de la Sainte Victoire" qui a restauré le prieuré au sommet. On partage ce goût de la marche mais Philippe monte comme un cabri et doit parfois m'attendre... Quand ils viendront ici, nous pourrons faire ensemble de belles randonnées, ça ne manque pas état donné le caractère montagneux de la Crète (et de la Grèce en général). J'ai aussi découvert grâce à eux le magnifique musée Vasarely (cf. photos jointes). Le 01 octobre Fabrice a eu 33 ans. Ça ne me rajeunit pas mais comme dirait l'autre, on n'a pas le choix et mieux vaut s'adapter que subir. Même si mon corps me dit que je vieillis (articulations notamment) je trouve chaque âge intéressant. Et comme dit un vieux proverbe africain que j'ai inventé : "choisis ce que tu aimes et aimes ce que tu ne peux choisir". Donc j'aime mon âge. Lors d'une promenade dans Aix, nous avons été scotchés par la sculpture sur sable d'un prof d'arts plastiques sans papiers, avec lequel nous avons tant bien que mal discuté et donné de l'argent, impressionnés par sa volonté de s'en sortir. Je crois qu'il était Hongrois (Philippe et Guylaine corrigeront si besoin).
26 septembre : Départ de Nantes. Séjour trois jours chez Sylvie à Toulouse. Elle est amoureuse des fleurs et de la langue chinoise qu'elle parle couramment. Elle a aussi un talent pour prendre et cadrer des photos (cf. photos jointes).
25 septembre
Vente de la maison. J'ai invité des voisins à un pot pour fêter mon départ en Crète, au bar/resto Personnes, rue d'Allonville. C’était très sympa. Une personnes que j'avais invitée par correction mais sans affinité particulière, ne pouvant venir m'a envoyé un courriel dans lequel il disait : "tu pars, je ne juge pas. Peut-être as-tu besoin de réfléchir ou d'écrire un roman, loin de tes enfants". Je suis resté interloqué par ce besoin de commentaires plutôt que me souhaiter bon vent. J'ai essayé d'analyser ses propos. Dire "je ne juge pas", c'est dire qu'il y a potentiellement quelque chose à juger mais qu'on ne le dit pas. Paradoxe donc. En rhétorique ça s'appelle une prétérition. C'est très utilisé en politique. Exemple : "Je ne dis pas que vous avez des pratiques frauduleuses". C'est assez pervers de dire qu'on ne dit pas. C'est évidemment fait pour induire la suspicion.
Donc il ne me juge pas ce "cher voisin". Mais sa rhétorique sous-entend que je fais quelque chose de mal. De même pourquoi spécifier "écrire loin de mes enfants". "Écrire" est la seule idée neutre. Le reste est un jugement : "tu laisses tomber tes enfants pour écrire". Cette personne prône par ailleurs la bienveillance, la tolérance, etc.
Ça m'amène à ce mot qu'on n'a jamais autant utilisé depuis une dizaine d'année : "bienveillance". Pour ce qui me concerne, je ne l'utilise plus, tellement il me paraît vidé de son sens, galvaudé, à la mode. Au fait que veut-il dire ? Qu'on agit pour faire du bien aux autres, me semble-t-il. Qu'on veille sur eux.
Je n'ai ressenti dans ce courriel aucune bienveillance, bien au contraire
En revanche, ici en Crète j'ai trouvé des gens serviables et profondément gentils. Ça me convient parfaitement. Deux adjectifs que je revendique.