
Athènes mars 2025
En photo de titre, un tableau d'Alekos Fassianos, peintre grec contemporain, exposé à la Galerie nationale. Nous avions vu une expo à Paris. Son style est très reconnaissable. Toujours des personnages massifs, généralement des hommes nus, rarement des femmes. Souvent des chevaux. Toujours des couleurs vives, ici le rouge, souvent le bleu. Une peinture nourrie de mythologie grecque.
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Athènes est une ville de grands contrastes. On passe souvent de lieux délabrés à d'autres mieux entretenus, voire propres et modernes. Mais l'impression dominante est un laisser-aller (chaussées défoncées, trottoirs - quand il y en a - pareillement) qui s'explique par la crise de 2008 et années suivantes qui ont vu les budgets fondre et la population s'appauvrir. On croise beaucoup de gens abimés, en mauvaise santé, manifestement mal ou non-soignés.
A côté de ça, des lieux extraordinaires, en bon état, bien entretenus, construits et gérés grâce à des fondations privées qui en ont généralement fait don à l'état. Il y en a beaucoup à Athènes. De magnifiques musées dont la Pinacotiki Ethniki (galerie nationale). Nous avions souvent eu pour projet de la visiter sans pouvoir le faire faute de temps. Très riches collections anciennes, dont deux tableaux de Gréco et surtout une très belle collection de modernes.
Devant le musée, en plein milieu de la circulation sur un grand terre-plein, l'homme de verre (Le coureur, réalisé en plaques de verres feuilletés) de Kostas Varotsos et, un peu plus loin, derrière, un jardin Zen, très sympathique, nous avons découvert cet emblématique Tori qui marque traditionnellement au Japon l'entrée des sanctuaires shintoïstes.
Cette année nous sommes restés à Athènes 4 jours pour faire d'autres visites. Notamment, outre la galerie nationale, celle de la bibliothèque et de l'opéra construits grâce à la fondation Stavros Niarkos (richissime armateur, contemporain et éternel rival d'Onassis). Deux lieux exceptionnels au sud d'Athènes, à Kalithéa à 10 km, près de la mer.
A gauche l'opéra - A droite la bibliothèque
La bibliothèque est un lieu spacieux, accueillant, où il y a toujours des expositions. Le hall d'entrée fait toute la hauteur du bâtiment et à chaque étage, des rayonnages de livres anciens sont couverts de stores déroulants sur lesquels sont reproduits en grands caractères lisibles d'en bas, de multiples citations des grands auteurs, philosophes de la Grèce classique et d'autres pays. Des coursives desservent ces rayonnages et permettent d'accéder à ces volumes anciens avec une autorisation spéciale.
Quand on est à l'intérieur des étages, on voit les mêmes rayonnages protégés par des vitres, à l'envers côté tranche, ce qui crée une impression étrange devant cette multitude d'ouvrages dont les titres ne sont visibles de ce côté là.
Nous avons assisté à une représentation de la Bohême de Puccini dans cet opéra magnifique dessiné par Renzo Piano (architecte auquel on doit notamment Beaubourg) à l'acoustique excellente. La Bohême n'est pas selon nous un opéra majeur mais c'était un plaisir d'être là dans un bain musical et de chant. La fondation Niarchos, c'est aussi un grand jardin public devenu populaire et très fréquenté le week-end par les familles.
Ci-dessous la maquette exposée à la bibliothèque montre bien l'ampleur de la construction et le parc.
Ci-dessous la vue de notre appartement
L'opéra le soir
Parmi les musées, il en est un que l'on retrouve presque à chaque séjour. C'est le musée cycladique, où est présentée la plus riche collection mondiale de statuettes et statues découvertes dans les îles de Cyclades qui auraient pu être sculptées par Giacometti, à ceci près qu'elles datent du néolithique (entre 2700 et 2400 ans avant JC.).
Un peu plus loin, le musée byzantin et chrétien d'une richesse d'icônes incroyable, c'est magnifique (techniquement parlant) même si les icônes ne m'émeuvent pas plus que ça. Il est entouré d'un beau jardin, derrière le Lycée, le lieu où enseignait Aristote en marchant et qui a donné son nom à nos établissements d'enseignement secondaires. Dans ce jardin se situe un restaurant confortable en terrasse où l'on mange bien. C'est un de nos préférés à Athènes. Un autre pas très loin de là fait partie de nos favoris : La Flute Enchantée (Mayemenos Avlos) qui vous plonge dans les années 50/60. On pourrait s'attendre à voir surgir Georges Brassens ou Juliette Gréco dans ce décor plein de photos et d'instruments de musique où se retrouvent artistes, acteurs, chanteurs, gens de culture amis du patron, Kostas. C'est un homme de plus de 80 ans qui me rappelle Bruno Coquatrix, personne charmante et accueillante qui parle français. Il vient nous saluer chaque fois que nous venons. Il y a toujours un pianiste et une chanteuse ou un chanteur. Tout le monde chante quand ce sont des airs populaires et bien connus comme les enfants du Pirée dont nous chantons approximativement les paroles en Français. Ils adorent Piaf et il est rare qu'elle ne soit pas au rendez-vous avec ses chansons les plus connues.
Ce soir là Kostas nous a annoncé la venue d'une célèbre actrice et chanteuse très aimée des Grecs : Zozo Sapountzaki, ancienne star internationale du cinéma et de la comédie musicale. Âgée de 92 ans, elle était soutenue pour marcher jusqu'à sa table. Elle a provoqué une grande ferveur dans la salle. Nous étions impressionnés par son déclin physique et son visage trop maquillé et elle semblait ailleurs. C'était un peu pathétique mais la ferveur nous disait combien elle était aimée ici.