
Voyage à Athènes, Chios, Rhodes II (en cours)
Chios est une île très verte, très différente de la Crète et d'autres îles des Cyclades. Le mastic, les oranges et les mandarines ont fait sa richesse et encore aujourd'hui ses agrumes sont exportés dans de nombreux pays. Le mastic est cultivé dans le sud de l'île qui concentre des conditions optimales pour sa culture, eau, sol, soleil et évidement savoir-faire. Bien que le lentisque pistachier soit répandu dans la Méditerranée, pour obtenir les précieuses, larmes de mastic, il n'y a qu'à Chios que les conditions soient réunies. Aussi étonnant que ça puisse paraître, c'est attesté par les nombreuses études sur le sujet. Le lentisque est un petit arbre de maquis qui atteint à maturité entre 2 et 3 mètres et qui peut vivre une centaine d'années. Comme on le voit sur la photo de titre, c'est un arbre trappu, robuste, tordu comme un cep de vigne géant.
Les villages du mastic étaient clos dans des remparts protecteurs, ils sont dans le sud de l'île. Il y avait trois villages principaux autour desquels s'étendaient les cultures, Pyrghi, Olymbi et Mesta. Les maisons adossée à la muraille n'avaient pas de fenêtre vers l'extérieur. Toutes étaient collées les unes aux autres et desservies par d'étroites ruelles. Au milieu du village, une tour permettait de surveiller les alentours. Avec le temps, les villages se sont ouverts et des fenêtres ont été percées dans les remparts mais on retrouve leurs caractéristiques anciennes. A Pyrghi, les façades sont recouvertes d'un parement appelé le xysta (grattage) unique en Grèce. C'est une technique qui consiste à passer une première couche d'enduit coloré sur la façade, puis après séchage, une deuxième dont on gratte certaines parties pour faire apparaître l'enduit du dessous. Il y a des motifs géométriques variés qu'on retrouve des maisons en maisons, d'autres sont des animaux ou des fleurs.
Mesta a conservé son mur d'enceinte et ne possède que quatre entrées. Les ruelles forment un labyrinthe dont aucune des rues n'est droite et comme ll se doit nous avons eu du mal à retrouver une sortie. Olymbi n'a pas autant de charme que les deux autres villages mais possède encore en partie son enceinte. Au dessus du village, sur une petite montagne, se dressent encore les ruines d'une forteresse vénitienne d'un intérêt mineur mais offrant une vue magnifique sur la région et jusqu'à la mer.
Notre hôtel était situé à 10 km au sud de la ville qui n'est pas intéressante d'un point de vue architectural. En revanche elle possède une bibliothèque exceptionnelle qui est considérée comme une des plus intéressantes bibliothèques de Grèce. En voici une description extraite de son site :
La bibliothèque Koraes est la principale bibliothèque publique de l’île de Chios et constitue une institution emblématique. Elle figure parmi les bibliothèques les plus anciennes et les plus grandes du pays. Son histoire date de 1792. Au départ, elle n’était qu’une annexe de la Grande école de Chios. La première collection de la bibliothèque consistait en de livres qui appartenaient à Adamantios Koraes ainsi qu’à d’autres intellectuels de la diaspora grecque. À l’époque du massacre de Chios en 1822 [par les ottomans], la bibliothèque fut entièrement détruite. En 1833, Adamantios Koraes mourut ; son testament stipula qu’une bonne partie de ses livres et de ses manuscrits soient envoyés à Chios.
En 1881, l’île fut secouée par un grand tremblement de terre qui a presque tout détruit. C’est alors que la décision fut prise d’abriter la bibliothèque dans son bâtiment actuel. En 1948, Ph. Argentis a financé la construction du deuxième étage de la bibliothèque. Entre 1975 et 1978, des travaux de construction, de rénovation et de modernisation ont eu lieu afin de créer un espace pour loger la collection de Ph. Argentis. Au fil des ans, d’éminents hommes de lettres ont fait don de livres, manuscrits, revues, journaux, tableaux, monnaies et autres objets de grande valeur, qui ont considérablement enrichi la collection.
La Description de l’égypte, une série de quatorze volumes illustrés publiés entre 1809 et 1822, constitue un des objets les plus précieux de la bibliothèque. Elle fut un don de Napoléon pour rendre honneur à Adamantios Koraes.
Né en 1748, Koraes a étudié la médecine à Montpellier en France avant de déménager à Paris en 1788. Koraes n’a jamais pratiqué le métier de médecin ; il avait un penchant naturel pour les lettres et c’est grâce à son talent qu’il est devenu brillant philologue et un des inspirateurs intellectuels de la Révolution grecque contre le joug ottoman. Son amour pour sa patrie occupée et pour Chios, son île préférée, fut très grand.