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Stanislas Engrand

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22 Mar 2020

Journal du 17 au 22 mars

22 mars. Je reprends mon blog après mon séjour à Paris écourté par le covid 19.

J’ai pu avancer mon retour au mardi 17 à 12h juste avant le confinement. Une amie parisienne de l’habitat participatif qui avait eu la gentillesse de m’héberger en a profité pour venir se réfugier en Crète. Décision difficile car évidemment prendre l’avion constituait un risque pour nous et les autres. Néanmoins une fois sur place, hormis les courses, aucun contact sinon avec la nature et le printemps qui se prépare magnifiquement. Voyez les fleurs en photo. Trois découvertes : un coquelicot tout seul ce matin dans la montagne, des orchidées apparues en quelques jours, et des mimosas à foison sur le chemin d’accès à la maison. En revanche les oranges se raréfient mais nous avons pu en cueillir près de 5 kilos pour faire de la confiture dont ma réserve précédente est épuisée.

A Roissy les mesures « barrières » étaient assez strictes (éloignement d’un mètre cinquante entre les personnes, régulièrement contrôlées par le personnel ; touts magasins fermés). En revanche au sortir de l’avion à Athènes, avant la correspondance pour Héraklion, plus aucune distance. Etonnante ruée pour s’extraire de l’avion de manière peu raisonnée. Dans les  aéroports d’Athènes et d’Héraklion tous les magasins étaient ouverts. Lors de l’embarquement pour Héraklion, la distance de sécurité était peu respectée par les passagers qui pour une bonne partie portaient par ailleurs des masques dont la plupart fantaisistes et tous inutiles. Une Grecque que nous avons côtoyée depuis Paris était momifiée dans une djellaba blanc cassé et une écharpe de même couleur qui lui couvrait le visage et se terminait en turban. C’était assez théâtral : un personnage extraverti qui parlait par ailleurs très fort. A l’arrivée, aucune information officielle quant à l’obligation d’auto-confinement de 14 jours pour tous les voyageurs atterrissant en Grèce. Je m'informe régulièrement sur le site du consulat de France à Athènes.

Ici, tout est fermé sauf les commerces nécessaires (quincailleries comprises…). Les habitants ont l’air de prendre très au sérieux la menace et ce d’autant plus qu’aucun foyer n’a été détecté dans l’est où j’habite. Il semble qu'ils veuillent à tout prix se préserver et c'est tant mieux comparé à ce que nous avons vu dans les aéroports grecs. Apparemment il y aurait moins de 10 cas d'infection en Crète (à Héraklion) mais pas de morts à ce jour. Pour l’ensemble de la Grèce un peu plus de 400 infections et 10 morts d’après le consulat de France, au 20 mars.

L’arrivée, le mardi 17 dans la nuit fut un peu pénible : 12° dans la maison qui a mis plusieurs jours à se réchauffer grâce à l’abominable chauffage au fuel très efficace néanmoins. Depuis, le temps est assez moyen, assez venteux, sauf hier où il a fait très beau et chaud. Je reprends quand même les couleurs que j’avais perdues à Noël. Les UV passent au travers des nuages. Ceci étant, la nature est magnifique. Les photos que je joins montrent toutes ces fleurs qui tapissent le sol et même certains chemins (notamment des anémones sauvages). Je ne me parviens pas à me lasser du citronnier dans mon jardin. C’est pour moi une sorte de luxe ou du moins de richesse inouïe. Les fruits sont toujours en grand nombre et des fleurs commencent à apparaitre. C’est assez curieux et, si ma nullité en botanique ne me permet pas de comprendre le phénomène, après recherches sur le web j’ai la confirmation que la plupart des agrumes ont la particularité d'avoir des fleurs en même temps que les fruits. Bref, j’ai l’impression de vivre dans une sorte d’Eden mais j’ai hâte quand même que le soleil s’installe un peu plus. Bon, je fais l’enfant gâté… J’arrête en pensant que je suis très privilégié par les temps qui courent.




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22/03/2020 17:41
Meriem ferradou

Ça fait plaisir de te lire et de voir des photos qui remontent le moral. L'isolement est embêtant mais nous apprécions notre bonheur de posseder la terrasse et une grande maison.. A bientôt avec de bonnes nouvelles de Crête. Bises.

23/03/2020 12:21
Laurent engrand

Salut Stan, Ça fait très envie, ton petit coin de paradis. Ici on se confine, entre télétravail et devoirs en ligne des enfants. On profite du jardin et des premiers rayons de soleil. Le moral est bon! Bises

07/04/2020 15:28
Roger

Peut-être mesures tu, cher Stan, devant tant de beautés et , bien que tu n’en parles pas, de parfums tout ce qu’un pied noir peut avoir perdu ( le pays perdu chanté par Enrico Massias ) et que je retrouvais lors de mes nombreuses croisières en Grèce. La terrasse de ta maison à elle seule est un enchantement et ce, d’autant plus, que l’on y découvre la mer! Pour terminer le genre de moquerie que tu aurais pu me décocher quand tu avais 18 ans : «  alors, on se la coule douce !! » je t’embrasse, Roger

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10 Mar 2020

Pogrom à Lesbos

D'après le dictionnaire du CNRTL, le mot pogrom désigna à l'origine, sous le régime tsariste, un mouvement populaire antisémite, encouragé par les autorités et accompagné de pillages et de massacres. 

Par extension : il désigne un soulèvement meurtrier suscité par toute forme de racisme et d'intolérance.

Sur la carte piquée à Wikipédia, point rouge : île de Lesbos, point vert la Grèce continentale, point Bleu Grèce continentale : Péloponnèse, et en rose, l'île où je vois la vie en rose...

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10 Mar 2020

10 mars 2020

Je réponds au commentaire de Marc. C'est vrai que j'ai délaissé mon blog depuis un bon moment. La cause en est double et même triple. En premier : L'écriture d'un nouveau recueil poétique et la reprise d'un roman que j'avais mis sous le boisseau. Deuxièmement : je suis installé depuis un certain temps, j'ai moins à faire partager sinon des banalités du genre coronavirus (certains l'appellent "connard de virus") qui est présent en Grèce continentale (80 cas semble-t-il) mais absent de Crète selon mes infos. Troisièmement, je constate une faible fréquentation de mon blog et ça m'incite à réfléchir à l'intérêt de continuer sous la forme actuelle.

Le plus pénible de l'hiver est passé. La température moyenne en ce moment se situe autour de 15 à 16° en fin de matinée mais ça peut redescendre. J'ai hâte que ce soit vraiment le printemps. La nature m'en donne néanmoins un avant-goût avec des fleurs partout.

J'ai lu un reportage sur l'île de Lesbos qui est très près de la Turquie, où une véritable chasse aux immigrés a eu lieu. C'est terrifiant de haine, même si les habitants se sentent envahis. Ca fait peur et ça me montre à quel point l'être humain peut redevenir barbare.

A part ça la vie est belle. Non je ne peux dire cela car le monde déconne à plein tube. Je peux dire que la mienne actuellement est belle mais de savoir qu'au Nord-ouest de la mer Égée près de la côte a eu lieu un véritable pogrom (cf. "le mot du jour") jette une ombre sérieuse sur ma bonne humeur.

PS : La photo est celles des palmiers "ananas" de part et d'autre du chemin qui mène à ma maison.

 




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13/03/2020 09:16
Meriem ferradou

Contente de te lire! Merci pour tes nouvelles. Bises.

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24 Feb 2020

24 février

C'est la deuxième fois que je viens à Athènes en 10 jours. La première pour accueillir Isabelle et Ninon à l'aéroport, puisqu’une correspondance en avion pour Héraklion n’était pas possible, les compagnies grecques refusant les mineurs de moins de 16 ans non-accompagnés par un adulte. La deuxième fois pour les accompagner jusqu'à l'aéroport d'Athènes hier.

Après une journée à Athènes où nous avons visité le Parthénon, nous avons passé une courte semaine chez moi avec un temps mitigé car février est avec janvier le mois le plus froid et le plus humide de l'année. Mais à part une journée vraiment pluvieuse, rien d’insupportable et un jour de très beau temps. Je pense qu'elles ont aimé découvrir ce pays magnifique et je publie de nouveau des photos de lieux emblématiques, comme la forêt de palmiers à Vaï (pointe Nord-est de la Crète), la gorge des morts de Kato Zakros ou les vestiges minoens et la côte de Palaikastro où, malgré la tempête il y avait un beau soleil. Fin de séjour en beauté à Héraklion où, en attendant les ferry de 21h, les filles ont dévoré avec joie un burger végétarien impressionnant (cf. photo).

Profitant de ce déplacement obligé, je l'ai transformé en weekend prolongé et suis retourné au musée des Arts Cycladiques que je considère comme un des musées les plus intéressants d’Athènes avec le musée Archéologiques National et la musée Bénaki. La particularité de ce musée est la richesse de sa collection de figurines cycladiques dont je publie quelques photos emblématiques.

J'en profite aussi pour revoir des lieux que j'apprécie et en découvrir d'autres. Cette fois-ci, Psiri, un quartier que je ne connaissais pas entre Monastiraki et Omonia (Concorde) plein de bars et restos sympas et de brocanteurs non moins sympathiques. C'est, osons le mot, un quartier "branché" mais pas snobinard. Il y a de gens tout le temps dans la rue et aux terrasses des cafés, qui ont toutes des chauffages à gaz d'extérieur, très agréables mais désastreux pour l'environnement.

 




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08/03/2020 12:30
Marc

Salut Stan, Pas de nouvelle depuis le 24 février? Tout va bien? Le virus n'est pas arrivé en Crète? Tu nous envoies ta nouvelle complète en PDF? On entend pas mal parler de la Grèce en ce moment, surtout de ce qui se passe à Lesbos.

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09 Feb 2020

Sauvé par les livres, suite et fin

Chose promise, chose due ; voici donc le dénouement. Vous trouverez la nouvelle entière, réécrite dans le fichier PDF joint. C'était un challenge d'inventer au fur et à mesure avec uniquement un coup ou deux d'avance sur les lecteurs. Néanmoins même si je savais où je voulais aller, ça reste pour moi une expérience très intéressante de faire partager en temps réel cette expérience d’écriture.

 

Sauvé par les livres

X

Quand les mafieux revinrent, ils étaient cette fois au nombre de trois. Leur présence fut immédiatement détectée, le commissaire prévint Xénophon et les fit surveiller. Le réseau d’amis et voisins fonctionna de nouveau et rien de leurs allées et venues ne fut ignorée. Mais après une journée, les mafieux détectèrent à leur tour les filatures de la police et les déjouèrent. Leur premier acte fut d’incendier la librairie de nuit. C’est par le journal du lendemain qu’ils apprirent que la librairie avait été vidée et que nul blessé n’était à déplorer. Alors Xénophon mit en route son plan. Il se promena ostensiblement dans le quartier touristique afin de se faire remarquer des mafieux sans qu’ils puissent tenter quoi que ce soit dans la foule. Quand il fut établi qu’il était bien suivi par deux des mafieux, il accéléra le pas et les entraîna dans de petites rues pour les semer.  Puis  il attendait en s’arrangeant pour être de nouveau repéré. Et il continua son jeu pour ne pas les semer totalement tout en restant hors de portée de tir, afin de les entraîner vers l’entrée du souterrain sous le palais des Grands Maîtres des Chevaliers. C’est dans ce souterrain devenu inaccessible sauf par les autorités et, secrètement par les initiés de Tagma, que se situe l’entrée du labyrinthe ignorée des non-initiés. Avant d’y pénétrer, Xénophon m’appela depuis son smartphone : je devais le rejoindre avec les autres initiés dans la bibliothèque du labyrinthe deux heures plus tard. J’étais très inquiet pour lui mais son calme me convainquit de ne rien faire qui pût entraver le bon déroulement de son plan. N’oublie jamais Matteo, me dit-il : je ne suis pas en danger dans la compagnie des livres, leur pouvoir est immense et méconnu, ils ont une vie que nous ignorons et peuvent nous la sauver. Les mafieux hésitèrent un moment et appelèrent en renfort leur complice qui les rejoignit un quart d’heure après avec des lampes.

Matteo interrompit son récit et m’expliqua qu’il avait dû reconstituer ce qu’il s’était ensuite passé.

Xénophon attendit en les observant et lorsqu’il entendit de nouveau ses poursuivants, il les entraîna dans le labyrinthe, les fit tourner en rond pendant plus d’une heure en s’amusant des jurons et imprécations qu’ils proféraient. De temps à autre il s’arrangeait pour faire un peu de bruit pour les remettre sur le chemin de la grande salle tout en gardant suffisamment d’avance. Arrivé dans la bibliothèque, il monta péniblement dans le noir en haut d’une échelle, et s’assit essoufflé sur le dernier large rayon de bibliothèque à un emplacement libre entre des ouvrages. Les mafieux arrivèrent à leur tour et ne le repérèrent pas immédiatement. C’est parce qu’il s’adressa à eux en Italien du haut de son perchoir, qu’il fut repéré. Leurs balles ne l’atteignirent qu’après de multiples tirs croisés et contrairement à leur attente, le corps de Xénophon ne tomba pas mais des centaines de lourds grimoires déferlèrent sur eux, qui les écrasèrent inexorablement comme des cafards. Quand nous arrivâmes, les trois hommes étaient morts et les livres intacts. En revanche aucune trace de Xénophon. L’un de nous finit par apercevoir l’enveloppe posée à la place qu’il avait occupée parmi les livres. La lettre m’était adressée.

Matteo reprit son souffle et essuya les larmes qui commençaient de perler sur ses yeux. Il se mit à parler plus lentement. Xénophon, reprit-il est toujours avec moi dans la librairie. C’est inexplicable mais c’est comme s’il était devenu lui-même un livre. Mais tu veux certainement savoir ce que contenait la lettre.

J’acquiesçai bien évidement. Il alla la chercher sur son bureau et me la tendit :  lis-la, moi je ne peux plus.

***

Matteo, mon fils spirituel, si j’étais bouddhiste, tu serais ma réincarnation. Grâce à toi et Aristote, j’ai vécu deux moments d’exaltation, de joie et d’amour ; je me suis senti revivre.

J’ai gardé, ma vie durant, le souvenir épouvantable de La Grande Catastrophe mais les livres m’ont permis de ne pas sombrer dans la mélancolie. Pour autant, je n’ai jamais rien oublié de l’horreur. Le moindre détail reste gravé dans ma mémoire. Après Venise, tu es arrivé avec la magnifique fraîcheur d’un jeune amoureux des livres et ton magnifique larcin. Deux intenses bonheurs se sont succédé : les délicieux moments passés avec Aristote et toi à Venise, puis notre lecture à haute voix du Princeps de l’œuvre du plus grand écrivain de tous les temps.

Mais vois-tu, je suis âgé et préfère partir dans la joie. Je n’en aurais jamais vécu d'autres aussi intenses. J’ai donc décidé de provoquer ma disparition en faisant d’une pierre trois coups : supprimer les mafieux, partir dans la joie et te protéger. Tu vois pourquoi tu ne devais pas être mêlé à mon plan. Il ne fallait pas que les cafards puissent t’identifier.

Matteo, mon fils, fais vivre la librairie et continue d’aimer les livres, ils ne déçoivent jamais. Depuis que j’ai découvert qu’ils ont une vie propre et des pouvoirs puissants contre le mal, je m’en vais en te laissant en de bonnes mains.

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