Dernier bain de mer ?

BALADE ET BAIGNADE A SPINALONGA

La météo crétoise nous a fait un beau cadeau hier : temps magnifique, soleil radieux température oscillant entre 25 et 27° selon lieux et moments. La veille il faisait un temps d'automne un peu gris avec des éclaircies et du vent. Donc nous en avons profité pour faire une balade dans un lieu que nous n'avions pas encore découvert : la presqu'ile de Spinalonga. C'est tout près de la jolie ville d'Agios Nikolaos. 

C'est au nord de cette presqu'ile de Spinalonga que se trouve la petite ile du même nom, rendue célèbre par sa forteresse vénitienne et qui fut pendant toute la première moitié du 20° siècle transformée en léproserie, ce que raconte le beau roman de Victoria Hislop : L’île des oubliés. Les crétois l'appelaient quant à eux  "l'île de la peur". Une centaine de mètres sépare la presqu’ile et la petite ile de la peur.

Cette presqu'ile n'est pas habitée et c’est un très beau lieu de promenade et de baignade. En suivant le chemin côtier, nous avons trouvé de magnifiques criques comme celle qui est en photo de titre. Malheureusement elles sont peu accessibles. Celle de la photo était bordée par un rocher évoquant un crocodile.

Le vent soufflait du sud par petites rafales mais la petite plage que nous avons adoptée était orientée à l'est et par conséquent protégée. Là nous nous sommes baignés et pas besoin de maillot nous étions seuls. Plus de touristes à cette période. En face de nous, après le crocodile précédent, une petite île qui ressemblait à un grand lézard.

Peut-être sera-ce le dernier bain avant notre retour en France mercredi via Athènes mardi pour quelques belles visite notamment de la merveilleuse fondation Goudouris qui abrite la magnifique collection d'art contemporain de ce couple amateur d'art (https://stan-engrand.fr/post/show/236). Nous prenons l'avion mardi 28 matin mais il nous reste encore demain lundi pour, peut-être, notre ultime bain de la saison.

RANDO A TOPLOU

La veille, je suis allé en randonnée avec notre amie Anne. Monique évite les randonnées escarpées depuis sa chute de l'an dernier dans la gorge de Richtis. Cette fois il s'agissait de la gorge de Toplou en dessous du monastère du même nom (cf. photo ci-dessus), dont j'ai parlé plusieurs fois, notamment il y a 4 ans (https://stan-engrand.fr/post/show/92) lorsqu'avec Didier qui était venu passer un moment en Crète, nous avions randonné dans cette gorge en perdant un temps fou à chercher le chemin mal tracé et pas balisé. Aujourd'hui il est bien balisé, parfois trop et parfois presque pas assez ce qui oblige à chercher les balises quand elles ne sont pas immédiatement visibles. Mais rien à voir avec la galère d'il y a 4 ans.

Un peu en dessous du monastère, on démarre par un passage plein de roseaux et quelques palmiers avant d'attaquer la partie rocheuse et rocailleuse, comme le rappelle cette photo tirée de mon blog de 2019

les paysages suivants n’ont pas la douceur végétale du début mais proposent des vues magnifiques sur impressionnants rochers.

Comme en témoignent les photos, c'est un paysage très minéral avec des falaises aux formes étranges et contenant beaucoup de grottes pas forcément d'allure accueillante. Il y a quelques passages un peu acrobatiques où il faut s’aider des deux mains pour passer des rochers un peu imposants. Mais au final rien de très difficile sans faire  partie des chèvres que j'évoque dans le poème que je recopie ici  publié dans mon dernier recueil.

TOPLOU

Nom magique, monastère au dessus de la gorge, paysage sauvage,

Dont on voit de loin le clocher, les palmiers, Oasis fertile au milieu de terres arides.

Lieu d’érudition, de recueillement, de massacres, de résistance,

Où des moines cachèrent des partisans.Lieu de mémoire, générosité.

Ici tout est beau, lauriers, bougainvillées, oliviers, vignes, pierres de taille, Église enluminée, sombre et méditative.

Ici tout est bon, vin miel, confitures, bergamote confite.

Tu descends dans la gorge peuplée de chèvres.

Agiles elles passent où les humains ne peuvent passer.

Elles n’ont peur de rien ni de personne.

Au sommet d’un mont, trois d’entre-elles surveillent la gorge

Ainsi que des guetteurs indiens.

En bas, une autre, dressée pattes avant contre un arbuste noueux, se hisse pour arracher feuilles et baies parcimonieuses.

Elle ne se soucie pas de nous, ne nous regarde pas et grimpe dans l’arbre.

Toplou appartient aux chèvres agiles et fières.

Périple de quatre jours

Nous avons fait de nombreux voyages à l'intérieur de la Crète au fil des ans mais il y a toujours à découvrir. car, si l'île est petite au regard de la Grèce, elle est grande par ses richesses : lieux, histoire, nature, paysages, plages  etc. On ne compte pas tant en kilomètres mais en temps de voyage ; dès qu'on quitte les côtes, on est dans les montagnes et les routes sinueuses ne sont pas toujours en bon état. Partant, les trajets sont longs. Chaque fois que nous entreprenons un périple de quelques jours, nous évitons des trajets ambitieux et nous mêlons découverte et passage dans des lieux que nous aimons revoir.

Mardi dernier, nous avons ainsi quitté Sitia pour Lentas, village de bord de mer au sud, à l'opposé d'Héraklion. C'est un lieu magique, blotti à côté d'un immense rocher aux formes arrondies que les crétois appellent le cap du lion parce qu'il évoque cet animal couché (photo de titre). Pour y accéder on descend de la montagne avec un dénivelé d'environ mille mètres, par une route d'une trentaine de km en lacets. La vue plongeantes sur le rocher-animal est saisissante.

A Lentas d'années en années se sont développées des activités de camping sur la plage, de randonnée et de Yoga. Le village attire beaucoup de personnes en quête de nature et de naturisme. Ce village a hérité de la culture hippie des années 60/70 qui a conduit beaucoup de jeunes dans les lieux autour du célèbre bourg de Matala, haut lieu de la culture pop-rock et des grands concerts dans un décor de falaises et de grottes où campaient les jeunes hippies.  Lentas en a hérité et mélange harmonieusement la tradition d'un village crétois authentique, d'anciens soixante-huitard et de jeunes en quête de nature et de calme. C'est une cohabitation sympathique, le temps passe tranquillement, rien d'urgent "siga siga", disent les crétois.

Nous avons eu la chance de trouver un hôtel encore ouvert, très simple et chaleureux, que les propriétaires ont doté d'une végétation magnifique et très parfumée, notamment par les frangipaniers.

Parmi nos découvertes il y a celle des ruines de Gortyne, petite ville un peu au nord de Lentas, qui fut très importante dans l'antiquité gréco-romaine avant et après J.C. 

Il subsiste notamment des ruines d'une basilique Byzantine dont seule l'abside est debout (ci-dessus) mais dont le reste a été détruit. Mais la particularité majeure de Gortyne est dans ses lois, gravées sur des pierres. Ce long texte constitue le plus ancien exemple connu de lois écrites de la Grèce antique. Le texte a par ailleurs la particularité d'être disposé en "boustrophédon", c'est à dire étymologiquement comme le trajet d'un bœuf qui tourne à chaque extrémité de sillon pour tracer le suivant dans le sens inverse. Les lois de Gortyne se lisent dans les deux sens, alternant une ligne de droite à gauche avec une ligne de gauche à droite et ainsi de suite. Les caractères de droite à gauche sont en miroir de ceux dont nous avons l'habitude.

Nous avons ensuite revu le magnifique monastère d’Arkady près de Rethymnon (côte nord, 50 km à l'ouest d'Héraklion et son église du XVI°, d'inspiration vénitienne (les vénitiens ont occupé plutôt pacifiquement la Crète pendant quatre cents ans). C'est un haut lieu de la résistance contre les Turcs qui ont violemment succédé aux Vénitiens. 900 personnes, hommes, femmes, enfant et moines y furent assiégées et ont préféré se faire sauter plutôt que de se rendre en 1866. C'est un lieu de mémoire très importants pour les Crétois.

Et pour finir, nous sommes repassés voir la magnifique petite église byzantine, un peu à l'écart du village de Fodélé où serait né le peintre El Gréco. C'est un lieu de nature, calme et très inspirant.

C'est quand même l'automne

Le temps pourrait nous faire croire qu'on est en été. Depuis début octobre, le thermomètre se balade entre 25 et 30°, hier un peu au dessus. L'eau est encore à 23/24° mais l'automne est bien là. les fruits en témoignent. Depuis trois semaines on ne trouve plus de figues ni pastèques. Les grenades, le raisin et les banane sont là depuis le début octobre. Le raisin un peu rosé que l'on peut voir sur la photo est délicieux, sucré, sans pépins. Les grenades sont sucrées aussi mais les membranes blanches un peu spongieuses et amères qui séparent les différents compartiments du fruit le rendent difficile à manger. C'est long à décortiquer et dans chaque grain il y a un petit pépin désagréable. Les crétois en raffolent à table mais nous les aimons surtout en jus. Je viens de lire un article qui vante les propriétés antioxydantes du jus auquel se mêlent les antioxydants des membranes qui en contiennent le plus.

Les bananes sont d'origine crétoise, de petite taille ; elles sont d'une variété très agréable au goût. A 20 km de Sitia, il y a une bananeraie mais c'est surtout au sud qu'elles sont cultivées. Dans les magasins, elles sont présentées en régimes et on coupe la quantité qu'on souhaite.

J'ai oublié sur la photo de titre les petites poires qui ont une drôle de forme qu'on trouve partout.

Elles sont un peu dures mais très savoureuses et particulièrement agréables dans les salades de fruits que fait Monique, poires, bananes et raisins. Erreur réparée, en voici en photo, accompagnée de noix fraîches qu'on trouve à profusion actuellement.

Les oranges commencent tout juste mais c'est en décembre qu’elles sont vraiment bonnes. Actuellement elles sont encore légèrement acides.

Une belle découverte

Tout près de la plage d'Itanos dont j'avais parlé dans un article précédent (https://stan-engrand.fr/post/show/261), nous avons découvert une très petite crique magnifique dont les rochers sont très curieux, très feuilletés, sans doute schisteux mais mélangés à d'autres types de roches avec des plissements tourmentés. L'eau est magnifique et transparente comme dans la plage précédente, mais la différence est dans cet environnement minéral très étonnant et très beau.

Les photos en diront plus que moi :

Une belle palette de couleur dans ce rocher affleurant au bord de la plage :

Η Mέρα του Όχι, Le Jour du Non

Il y a deux fêtes nationales en Grèce : le 25 mars, jour anniversaire du début de la révolution contre la domination turque, le 25 mars 1821 et le jour du "Non", 28 octobre date anniversaire du refus grec de l'ultimatum de Mussolini du 28 octobre 1940. Cet ultimatum prétendait imposer à la Grèce la pénétration de l'armée italienne en Grèce pour occuper certaines places stratégiques, ou bien la guerre serait déclarée. La réponse du président Métaxas, dit la légende, fut simplement : «Όχι!» mais plus vraisemblablement :  "alors ce sera la guerre", ce qui advint.

Aujourd'hui c'était donc le jour du Non, du Όχι (qui se prononce comme un mélange de oki et ochi). C'est une fête très populaire qui mobilise tout Sitia et les bourgs environnants. Il y avait un défilé des corps constitués, militaires, pompiers, croix rouge, et de citoyennes et citoyens en costume traditionnels, des écoliers, clubs sportifs...

C'est un moment de joie qui réunit dans notre petite ville de 13.000 habitants un monde fou.

Voici quelques photos. Sur la quatrième photo on voit le drapeau marqué 1940 ΟΧΙ (Όχι en majuscules), après les drapeau grec de la troisième photo.

Sur la toute dernière photo, les deux petites filles ont chacune une écharpe. Au premier plan,  ΕΛΛΑΣ (ellas) GRÈCE et au deuxième plan ΕΙΡΗΝΗ (irini),  PAIX.

Après cette parade par moments un peu trop militaire à mon goût, du moins quand certains participants affichaient un pas et des attitudes martiales, terminer par une banderole ''PAIX'' est réconfortant, particulièrement dans cette tragique période de guerre au proche-orient.

Au premier plan,  ΕΛΛΑΣ (ellas) GRÈCE et au deuxième plan ΕΙΡΗΝΗ (irini),  PAIX