Bienvenue sur mon blog

Stanislas Engrand

Articles dans la catégorie : Crète 2019-2020

page 8
09 Feb 2020

Sauvé par les livres, suite et fin

Chose promise, chose due ; voici donc le dénouement. Vous trouverez la nouvelle entière, réécrite dans le fichier PDF joint. C'était un challenge d'inventer au fur et à mesure avec uniquement un coup ou deux d'avance sur les lecteurs. Néanmoins même si je savais où je voulais aller, ça reste pour moi une expérience très intéressante de faire partager en temps réel cette expérience d’écriture.

 

Sauvé par les livres

X

Quand les mafieux revinrent, ils étaient cette fois au nombre de trois. Leur présence fut immédiatement détectée, le commissaire prévint Xénophon et les fit surveiller. Le réseau d’amis et voisins fonctionna de nouveau et rien de leurs allées et venues ne fut ignorée. Mais après une journée, les mafieux détectèrent à leur tour les filatures de la police et les déjouèrent. Leur premier acte fut d’incendier la librairie de nuit. C’est par le journal du lendemain qu’ils apprirent que la librairie avait été vidée et que nul blessé n’était à déplorer. Alors Xénophon mit en route son plan. Il se promena ostensiblement dans le quartier touristique afin de se faire remarquer des mafieux sans qu’ils puissent tenter quoi que ce soit dans la foule. Quand il fut établi qu’il était bien suivi par deux des mafieux, il accéléra le pas et les entraîna dans de petites rues pour les semer.  Puis  il attendait en s’arrangeant pour être de nouveau repéré. Et il continua son jeu pour ne pas les semer totalement tout en restant hors de portée de tir, afin de les entraîner vers l’entrée du souterrain sous le palais des Grands Maîtres des Chevaliers. C’est dans ce souterrain devenu inaccessible sauf par les autorités et, secrètement par les initiés de Tagma, que se situe l’entrée du labyrinthe ignorée des non-initiés. Avant d’y pénétrer, Xénophon m’appela depuis son smartphone : je devais le rejoindre avec les autres initiés dans la bibliothèque du labyrinthe deux heures plus tard. J’étais très inquiet pour lui mais son calme me convainquit de ne rien faire qui pût entraver le bon déroulement de son plan. N’oublie jamais Matteo, me dit-il : je ne suis pas en danger dans la compagnie des livres, leur pouvoir est immense et méconnu, ils ont une vie que nous ignorons et peuvent nous la sauver. Les mafieux hésitèrent un moment et appelèrent en renfort leur complice qui les rejoignit un quart d’heure après avec des lampes.

Matteo interrompit son récit et m’expliqua qu’il avait dû reconstituer ce qu’il s’était ensuite passé.

Xénophon attendit en les observant et lorsqu’il entendit de nouveau ses poursuivants, il les entraîna dans le labyrinthe, les fit tourner en rond pendant plus d’une heure en s’amusant des jurons et imprécations qu’ils proféraient. De temps à autre il s’arrangeait pour faire un peu de bruit pour les remettre sur le chemin de la grande salle tout en gardant suffisamment d’avance. Arrivé dans la bibliothèque, il monta péniblement dans le noir en haut d’une échelle, et s’assit essoufflé sur le dernier large rayon de bibliothèque à un emplacement libre entre des ouvrages. Les mafieux arrivèrent à leur tour et ne le repérèrent pas immédiatement. C’est parce qu’il s’adressa à eux en Italien du haut de son perchoir, qu’il fut repéré. Leurs balles ne l’atteignirent qu’après de multiples tirs croisés et contrairement à leur attente, le corps de Xénophon ne tomba pas mais des centaines de lourds grimoires déferlèrent sur eux, qui les écrasèrent inexorablement comme des cafards. Quand nous arrivâmes, les trois hommes étaient morts et les livres intacts. En revanche aucune trace de Xénophon. L’un de nous finit par apercevoir l’enveloppe posée à la place qu’il avait occupée parmi les livres. La lettre m’était adressée.

Matteo reprit son souffle et essuya les larmes qui commençaient de perler sur ses yeux. Il se mit à parler plus lentement. Xénophon, reprit-il est toujours avec moi dans la librairie. C’est inexplicable mais c’est comme s’il était devenu lui-même un livre. Mais tu veux certainement savoir ce que contenait la lettre.

J’acquiesçai bien évidement. Il alla la chercher sur son bureau et me la tendit :  lis-la, moi je ne peux plus.

***

Matteo, mon fils spirituel, si j’étais bouddhiste, tu serais ma réincarnation. Grâce à toi et Aristote, j’ai vécu deux moments d’exaltation, de joie et d’amour ; je me suis senti revivre.

J’ai gardé, ma vie durant, le souvenir épouvantable de La Grande Catastrophe mais les livres m’ont permis de ne pas sombrer dans la mélancolie. Pour autant, je n’ai jamais rien oublié de l’horreur. Le moindre détail reste gravé dans ma mémoire. Après Venise, tu es arrivé avec la magnifique fraîcheur d’un jeune amoureux des livres et ton magnifique larcin. Deux intenses bonheurs se sont succédé : les délicieux moments passés avec Aristote et toi à Venise, puis notre lecture à haute voix du Princeps de l’œuvre du plus grand écrivain de tous les temps.

Mais vois-tu, je suis âgé et préfère partir dans la joie. Je n’en aurais jamais vécu d'autres aussi intenses. J’ai donc décidé de provoquer ma disparition en faisant d’une pierre trois coups : supprimer les mafieux, partir dans la joie et te protéger. Tu vois pourquoi tu ne devais pas être mêlé à mon plan. Il ne fallait pas que les cafards puissent t’identifier.

Matteo, mon fils, fais vivre la librairie et continue d’aimer les livres, ils ne déçoivent jamais. Depuis que j’ai découvert qu’ils ont une vie propre et des pouvoirs puissants contre le mal, je m’en vais en te laissant en de bonnes mains.

delimiter
08 Feb 2020

08 février déjà

Que le temps passe vite. Tant mieux puisque ma fille Isabelle vient pendant les vacances scolaires me rejoindre pour une semaine avec son amie Ninon. Je vais les chercher dimanche 16 prochain à l'aéroport d'Athènes.

Depuis la tempête il y a trois jours, le vent souffle toujours mais Eole ne pousse plus de violentes rafales. La température est descendue à 9°, ce qui ne serait rien sans l'humidité pénétrante que je déteste particulièrement. Apparemment le temps va se rétablir demain et la température revenir à 15°.

J'ai quitté hier Agios Spiridonas pour un autre Agios durant le weekend : Nikolaos cette fois, ville de 20.000 habitants, très agréable au bord de la mer longée par une côte formant plusieurs pointes entre lesquelles des baies et des plages diversement orientées sinuent. La ville est très touristique l'été. En cette saison, elle est charmante. Nombreux cafés et restos restent ouverts tard le soir.

Je loge dans un studio loué par des gens charmants que j'avais connus en décembre par Rbnb. Leur appartement est à l'étage au dessus de mon studio. J'ai rarement rencontré des gens aussi agréables. La femme est descendue m'offrir à manger pour le dîner: une assiette d'un plat traditionnel, ragoût de mouton aux patates et aux herbes dont je n'ai pu identifier que le pissenlit. C’était vraiment délicieux et d’autant plus que tellement gentiment offert.

Une des particularités d'Agios Nikolaos : il y a un petit lac d'environ 150 mètres de diamètre en plein cœur de la ville. Il est profond de 64 mètres. Il communique avec la mer depuis la fin du 19° siècle par un petit et court canal.

En début d'apm je me suis rendu à Elounda, station balnéaire réputée qui fait face à la presqu'île de Spinalonga et la petite île du même nom, une forteresse vénitienne, qui servit de léproserie où s'était auto-organisée une microsociété, depuis le début du XX° jusqu'à la fin des années 50. On en a beaucoup parlé il y a une dizaine d'années lors de la parution du roman "L'île des oubliés" de Vitoria Hislop, romancière anglaise amoureuse de la Grèce et de la Crète. Demain si le vent est totalement tombé et que les bateaux reprennent du service, j'irais la visiter (l’île, pas la romancière...).

A Elounda, j'ai fait ce midi un repas de panini et d'un verre de délicieux vin blanc dans un petit bar sympa tenu par un jeune Grec qui a vécu un an à Rennes et qui adore Nantes. Des clients jouant au Tavli m'ont autorisé à les prendre en photo. C'est celle que vous voyez aujourd'hui.

Demain je publierai le dernier chapitre de Sauvé par les livres. J'ai à cette occasion réécrit cette nouvelle qui sera disponible en version PDF pour ceux qui voudront la lire d'une traite. Je l'enverrai par courriel.

delimiter
06 Feb 2020

Sauvé par les livres. Dixième chapitre.

Ceux parmi les lecteurs qui devineront la fin ou trouveront un dénouement assez proche de celui que j'ai écrit, peuvent me l'en
voyer en "commentaires", ils recevront un exemplaire de la nouvelle une fois réécrite et publiée en version papier.


Afin de leur donner le temps de le faire, je diffère la publication du 10ème chapitre à dimanche 10/02 à 18h.

Bon weekend.

Stanislas
 


delimiter
05 Feb 2020

Suite et pénultième chapitre de Sauvé par les livres

Sauvé Par Les Livres

IX

 Les mafieux avaient raison. Il fallait se préparer au pire. Leur commanditaire dépossédé de « son » livre ne lâcherait prise qu’une fois le libraire liquidé. Le commissaire promit une surveillance rapprochée et intensifia les rondes dans la vieille ville. Xénophon quant à lui prit la décision de déménager tous ses livres dans une maison éloignée. Mattéo redevint un temps le manutentionnaire qu’il fut à Venise et de nombreux amis vinrent aider les deux hommes. La librairie fut vidée en quelques jours et les livres en sécurité.

Xénophon mit à profit le temps qui suivit, plein de moments  émouvants malgré la menace quotidienne,  pour transmettre à Mattéo des informations et des préceptes qui lui permettraient de prendre sa succession. Le vieillard nourrissait une forte affection pour le jeune homme. Il avait senti un apaisement profond, de trouver en lui son successeur.  Il fit un testament court et simple léguant au jeune Italien tout ce qu’il possédait, c’est à dire sa maison, ses livres et sa librairie.

Mais il restait encore à Xénophon une chose essentielle à transmettre à Mattéo. Il lui révéla le secret des souterrains de Rhodes et de la bibliothèque qui en constituait le cœur. Le réseau labyrinthique aménagé profondément sous la vieille ville débouchait sur une salle où étaient stockées les archives de l’Ordre des chevaliers de Saint Jean de Jérusalem. Après son expulsion de Terre sainte à la fin du XIII ème siècle, l’Ordre s’était replié à Rhodes en 1310. Les chevaliers créèrent pour l’époque une impressionnante puissance maritime, fer de lance de la Chrétienté contre les Sarrasins. Leur richesse devint considérable et leur mythique trésor dont la réalité n’a jamais été prouvé, existait ici aux yeux de Xénophon, c’était la bibliothèque. Une part des livres était constituée de délibérations et décrets politiques Certains ouvrages n’étaient que des livres de compte mais de magnifiques illustrations servaient à identifier des biens et des lieux afin d’expliciter leur contenu austère. Beaucoup d’autres étaient des récits de batailles maritimes abondamment illustrés. Nombre de recueils étaient par ailleurs des ouvrages religieux dont une collection de bibles. Beaucoup d’autres ouvrages étaient des recueils de réflexion des grands maîtres de l’ordre successifs. Ils étaient particulièrement riches d’enluminures et luxueusement reliés. Tous avaient en commun la qualité de leurs reliures qui les rendaient capables de supporter les outrages du temps. C’étaient de solides grimoires lourds comme des pierres. La grande salle d’une hauteur impressionnante en était couverte et de longues échelles permettaient d’accéder aux plus hauts d’entre eux.

Cet héritage des Hospitaliers était conservé et entretenu par Tagma, société secrète, dont le nom signifie l’Ordre en langue grecque. Tagma n’avait pour raison d’être que cette conservation. Il n’y avait plus de Grand-maître, uniquement un conservateur en chef. Xénophon en avait la fonction. La société secrète reposait sur une organisation inspirée des ordres franc-maçons. Le recrutement se faisait par cooptation et l’initiation durait un an pendant lequel l’impétrant conservait les yeux bandés dans la bibliothèque lors des réunions de lecture. Son cheminement dans le labyrinthe, se faisait les yeux pareillement bandés, accompagné de Frères. Aucun plan du labyrinthe n’existait, le reproduire était interdit, seule la mémorisation des initiés permettait sa transmission. Aussi l’un des objectifs de l’initiation était-il la mémorisation du plan et l’apprentissage de l’orientation dans l’espace sans lumière. Une fois initié, la seule lumière sur laquelle on pouvait compter était celle des flambeaux que la tradition avait imposés mais tout Frère devait rester capable de faire les trajets dans le noir, tradition conservée depuis les Hospitaliers, pour des raisons de sécurité. Une fois par mois, chacun devait s’astreindre à un parcours jusqu'à la bibliothèque, seul et sans lumière.

Dans le contexte particulier de la menace mafieuse, l’Ordre autorisa à l’unanimité l’initiation rapide de Mattéo. Il fit et refit le parcours les yeux bandés des heures durant avec Xénophon et d’autres Frères. Après dix jours il réussit à refaire le trajet sans guide. Il fut alors déclaré initié et, à la fin de la cérémonie d'initiation dans la bibliothèque, fut délivré de son bandeau par Xénophon. Il découvrit émerveillé, le trésor de Tagma. L’excitation de Mattéo était à son comble, il mit les gants que lui tendait Xénophon et ouvrit plusieurs livres sous les yeux attendris de ce dernier. Pendant ce temps les Frères préparèrent le Mezzé qui permit au jeune Italien de savourer ce double festin en se remettant de l'émotion.

A la fin de la journée, de retour chez Xénophon, Mattéo lui demanda ce qu’il allait à présent se passer. Le vieux libraire lui répondit que la réussite de son plan nécessitait  pour réussir, que lui seul le connaisse.

A suivre…

delimiter
01 Feb 2020

01 février 2020

Le moins qu'on puisse dire est que les Grecs adorent la resquille contre le fisc. C'est vraiment un virus. J'ai dû payer ma voiture d’occasion pour les 3/4 en cash (3000€ pour un total de 4000).

Je me suis aujourd'hui un peu promené et j'ai récolté quelques oranges et des petites mandarines qui ressemblent à des clémentines mais qui sont beaucoup moins bonnes et pleines de pépins. Les clémentines malheureusement c'est fini. J'ai fait de la confiture d'oranges. Avec le surplus d'écorces j'ai fait des orangettes au chocolat et avec le bain de chocolat restant, du chocolat "maison" pour le petit déjeuner de demain...

Des jolies fleurs ornent les oliveraies, c'est magnifique. Hier j'ai posté ces jolies petites fleurs violettes qui sont sans doute des anémones sauvages. Les jaunes (cf. vidéo) je ne sais pas ce que c'est mais c'est dans leur feuillage qu'adore se rouler Brida (je ne résiste pas à poster une nouvelle vidéo comme je l'avais fait l'année dernière). Cette chienne est délicieuse, elle vient me voir dans ma nouvelle maison. Hier matin elle m'attendait dans mon jardin quand je me suis réveillé. Elle adore se promener. Et évidemment comme on est au pays des plus grands philosophes de tous les temps, nous échangeons des dialogues très philosophiques quand nous marchons... les autres fleurs sont comme de petites narcisses, elles sont délicates et d'un parfum délicieux. Je n'en ai trouvé qu’en un endroit près d'un ruisseau.

Une anecdote : comme j'ai ramené des marrons glacés à mes hôtes du village (ils adorent les marrons), j'en ai cherché la traduction. Soit on dit (c'est distingué) Marrons glacés, soit "kastano marrone", ie : "marron marron" puisque kastano signifie marron et que "marrone" est leur transposition phonétique de notre"marron" qu'ils grecquifient.

delimiter