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Stanislas Engrand

Articles dans la catégorie : Crète 2019-2020

05 Jan 2021

Vœux 2021

Recevez mes vœux pour cette nouvelle année. A cette occasion, je vous offre un texte poétique/philosophique sur le silence dont notre monde a oublié la valeur. Je me sens en permanence en butte à des cacophonies de toute provenance, comme s'il fallait absolument occuper l'espace sonore.

Et vous ?

Voici donc ÉPILOGUE CRÉTOIS suivi de ÉLOGE DU SILENCE.

 

ÉPILOGUE CRÉTOIS

 

Un jour que le coucher de soleil était particulièrement beau, depuis la terrasse de ma maison crétoise, je me suis dit que j’allais écrire un poème pour parler de mon émotion face à ce spectacle unique et pourtant quotidien.

Comme j’avançais dans l’écriture, j’eus de plus en plus l’impression de répéter ce que d’autres avaient déjà dit. Impression de n’avoir rien de nouveau à écrire.

Comme souvent lorsque j’écris, j’ai changé l’angle de démarrage, raturé, recommencé. Toutes les tentatives restaient infructueuses. Jamais je n’avais rencontré pareille résistance du sujet. Comme une pierre que le ciseau du sculpteur ne parvenait pas à entamer.

Las de ces échecs, je me suis résolu à ne rien écrire sur le coucher de soleil. Alors c’est le silence qui m’a inspiré, thème particulièrement actuel tant l’espace médiatique et politique sont encombrés de discours cacophoniques.

J’ai vécu de longs moments de silence lors de mon séjour en Crète. J’ai pu le sentir, l’écouter, le goûter, le toucher. Il n’est pas unique, il est multiple comme les vents rarement absents de l’île. Si le Meltem, vent du nord domine dans la mer Égée, le vent peut aussi venir des autres directions, avec ses rythmes et ses tempos.

Ainsi comme le vent, le silence peut-il être chaud ou froid, long, violent, menaçant. Il peut être doux comme le Meltem qui apporte un peu de fraicheur quand le temps est chaud mais menaçant, en automne, soufflant en rafales accompagnées de pluie et d’orage.

Le silence, comme le vent parle mais il faut le traduire pour le comprendre. Les marins savent apprendre le vent. J’ai essayé d’apprendre la musique du silence.

 

 ÉLOGE DU SILENCE

 

Le silence, divers comme le vent et le soleil

Comme la pluie l’orage et la neige

Est porteur de couleurs, de mélodies

Enveloppées de mystère.

Il peut être Infernal et désespérant

Mais toujours demande à être compris.

 

Il faut du temps, de la patience pour l’aimer,

Il nous apprend à méditer

l’existence de la minute comme le poids des ans.

Ami intime de notre pensée,

Il aime sa compagnie.

 

Essentiel à la musique

Il est présent dans les mélodies

Il enseigne qu’il faut se taire

Pour gouter la beauté qui les empreint.

 

Celui du réveil, n’est pas celui du soir,

Ni de la nuit ni du quotidien,

Ni  du feu ni du sommeil.

Chacun porte ses mots, simples paroles

Arias ou cantates sublimes.

 

Le silence nous mène à l’oubli du tumulte

Des verbeux palabres.

Il balaie sans coup férir l’inanité des histrions,

Les cacophonies.  

 

Doux, triste, joyeux, inventif, inouï,

Il n’est jamais indifférent

A qui prend le temps d'écouter.

 

 

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13 Dec 2020

Dernier article crétois avant le long voyage de retour

Demain, lundi 14 décembre, c’est le grand départ. Depuis trois jours le vent est au sud, froid et par moments violent. Ça souffle en rafales et refroidit la maison par la façade la plus exposée, surtout notre chambre à l’étage qui est orientée au sud. Il pleut énormément par grains parfois violents et il y a eu de beaux orages. Une consolation : hier une éclaircie avec des rayons de soleil a provoqué un arc-en-ciel particulièrement beau. On croirait une passerelle entre les deux versants de la vallée. Il a été capté juste à temps par Monique, avant qu’il ne disparaisse. La photo des oliviers est d’elle aussi, c’est l’oliveraie en contrebas sud de la maison dans un jeu d’ombre et de lumière. Monique a un véritable talent pour la prise de photo, la saisie d’instants, la recherche du cadrage. Sur la dernière photo, la cueillette des olives.

C'est donc demain que prendra fin mon installation en Crète qui aura duré 15 mois. C'est un peu dur de quitter un lieu si beau où j'ai eu tant de plaisir dans des choses simples : le soleil et la mer, les randonnées dans des paysages magnifiques. Mais je reviendrai. D'avoir tenu un blog durant tout ce temps fut une contrainte mais ça permet de tout retrouver plus tard.

Demain soir ferry pour Le Pirée depuis Heraklion puis Patras au nord du Péloponnèse puis deuxième ferry pour Ancône (près de 24 h de traversée). Puis remontée vers Bologne, Parme, Turin, tunnel du Fréjus pour aller ensuite à Valence chez Mériem.

Nous avons fait provision d’oranges pour ne pas oublier leur goût délicieux et de citrons du jardin. Les citrons ont ici une finesse de goût que je ne connaissais pas avant de venir en Crète.

 

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07 Dec 2020

Journal du 07 décembre 2020

Très beau temps durant deux jours comme au printemps. Plein soleil et déjeuner sur la terrasse sud de la maison.

Mais en dehors de cette exception le temps est maussade et/ou changeant. Le soleil se couche maintenant à 17h30 derrière les montagnes. Alors la chaleur de la journée tombe très vite vers 16°, ce qui me direz-vous n’est déjà pas si mal. Je ne me plains pas rassurez-vous mais en Crète ou ailleurs, je déteste de plus en plus l’hiver. C’est plus la lumière qui me manque que la chaleur même si je déteste le froid.

Les orangers croulent sous le poids des oranges. Les orangeraies sont magnifiques. Nous cueillons des kilos de fruits pour faire des confitures (Monique) et des oranges confites (votre serviteur).

Les oliviers eux aussi croulent de fruits. La récolte a commencé et les oliveraies sont pleines de cueilleurs qui peignent les arbres à l’aide de leurs perches électriques alimentées par des groupes électrogènes. Sur les routes, ce sont des allées et venues de pick-up qui chargent les lourds sacs de jute pleins d’olives pour les apporter aux pressoirs qui fonctionnent en feu continu. Ce sera comme ça jusqu’en janvier. Dès que les olives sont récoltées, les cultivateurs taillent les arbres. Les bruits des groupes électrogènes sont remplacés par ceux des tronçonneuses. Par la suite les rameaux sont brûlés et les grosses branches sont débitées en bois de chauffage pour l’année prochaine.

Nous préparons doucement le retour et je fais le point sur tout ce qui va me manquer, tout en appréciant d’avoir tenu ce blog qui me fera un album de souvenirs et de photos.

J’ai lu récemment un livre assez étonnant de Laurent Mauvignier, Histoires de la nuit, qui se passe sur 24 heures et qui raconte une soirée étrange entre des personnages frustes et des quantités de non-dits qui conduisent à un drame sous des allures parfois grotesques. Le style est étonnant, la narration lente et très précise mais très intéressante et l’auteur réussit à nous faire entrer dans chaque personnage avec sa vision propre. Le narrateur s’efface ou du moins, il est quasiment autant de narrateurs que de personnages sans qu’on ressente de rupture. C’est un livre étonnant dont je conseille la lecture.Et puis, une fois n’est pas coutume, nous avons téléchargé le dernier Goncourt. Je lis rarement « à chaud » un livre goncourtisé, quand je le lis mais cette fois, l’auteur dont nous avons écouté plusieurs interviews et lu des extraits de son livre l’Anomalie nous a vraiment accroché. En plus Hervé Le Tellier est un oulipiste passionnant qui était familier de l’émission des Papous dans la tête avant que cette émission s’arrête il y a quelques années.

J’ai récemment écrit le poème qui suit, en adieu au village crétois où j’aurai vécu durant quinze mois.

 

MARCHER EN SILENCE

 

Tu marches dans La Montagne.

Tu arrives au réservoir sur la crête

Le vent est tombé, l’eau clapote apaisée.

Silence et plein soleil !

Saint-Ilias en face veille

Sur les vallées que les herbes parfument.

Les odeurs dansent, sauge, thym, origan

Effluves du fenouil sauvage

Eucalyptus qui bordent le chemin.

 

Tu marches en silence

Mais tout parle ici à sa manière

Même ton chien qui régulièrement s’assure

En se retournant que tu le suis bien.

Nul autre promeneur, il n’y a pour un paysan,

Aucune raison de ne rien faire.

Qui marche ici cultive l’olive millénaire.

Pourtant ce matin un vieux crétois

Qui ne te voit pas, se glisse, un panier à la main

Dans un coin à champignons de lui seul connu,

C’est sa raison de marcher d'un pas fatigué.

 

Novembre avance, l’olive est mûre.

La montagne s’anime, arrivent les cueilleurs,

Le paysage s’emplit d’échos sonores,

De moteurs, de groupes électrogènes,

De perches électriques aux embouts rotatifs

Qui peignent les branches d’où tombent les fruits

Dans les filets verts étendus sur le sol.

 

Tu quittes maintenant les oliviers bruyants

Pour les orangers silencieux.

Dans leurs branches, à côté des fruits mûrs

Demeurent quelques fleurs attardées

Qui exhalent l’odeur du silence retrouvé.

 

Décembre approche, tu prépares ton retour.

Il te faut quitter le soleil, le vent

La mer Égée et celle de Lybie

Les arbres, les fleurs, les fruits,

Saint Spiridon, Saint Ilias, la montagne,

Les silences partagés avec ton chien

Tout le long des chemins quotidiens.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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23 Nov 2020

Novembre de nouveau morose

Après 5 jours de beau temps, pluies et orages sont revenus. D'une certaine manière ça facilite la préparation mentale au retour définitif en France.

Aujourd’hui, 23 novembre, la tendance est assez perturbée mais des éclaircies apparaissent de temps à autres. Comme disait une vieille personne de ma famille dans mon enfance (On l'appelait Titite et je l'appelais vers l'âge de 8 ans "ma petite sœur", alors qu'elle avait 80 ans...), comme disait donc Titite : il y a suffisamment de bleu dans le ciel pour tailler une culotte de gendarme.

Ce n'est pas encore un escadron...

C'est un peu compliqué de définir une date de départ avec les contraintes liées à la covid car, autant il nous est simple de quitter la Grèce, autant c'est plus compliqué de rentrer en Italie, bien qu'en transit. Apparemment selon nos informations, ça nécessiterait de rouler d'une traite ou presque jusqu'en France. Donc pour l’instant nous attendons en espérant que les mesures italiennes s'assoupliront et que nous pourrons y passer quelques jours et aller voir Marc et Katia à Florence.

Je joins ci-après un texte poétique qui figurera dans mon prochain recueil Ataraxie que je publierai à mon retour en France. Ce poème a pour nom Outics, mot valise formé de "outils" et de "T.I.C", acronyme envahissant de technologies d'information et de communication. Je l'ai écrit en réaction à l’envahissement, par les médias de toute sorte, qui nous proposent à tout-va tout n'importe quoi sous prétexte de nous informer. Les outics y prennent une large place et dieu merci nous pouvons les éviter en les éteignant mais ça n'éteint malheureusement pas la connerie "humaine".

 

OUTICS

Les outics sont de zélés serviteurs

Mais, obsédants, engendrent des tocs

Et dans nos gesticulations, jour et nuit

Nous gardent à portée de leurs écrans.

Dialecticiens habiles, ils savent très bien

Retourner les rôles et devenir nos maîtres

Faisant de nous leurs débiteurs,

Que la peur du manque étreint.

Sur le web devenu champ de bataille

Hypermarché du bien et du mal

Ils répandent vices, violences, vulgarités

Au même titre qu’intelligence et connaissance.

Faux ingénus, ils sont devenus des armes

Dans l’anonymat des ignares et des vulgaires

Qui s'y battent mieux que leurs adversaires

Et triomphent parfois en piétinant la vérité.

Certains au nom de la libre expression

Les comparent à l’antique Agora

Prenant, ce faisant, en otage l’histoire.

Rappelons qu’on y parlait à visage découvert

Et qu’on pouvait perdre la vie à le faire.

Fascinants outics, traitant à l’identique

Vérités et contre-vérités comme des opinions, 

Vous sommez l’intelligence de rendre des comptes

À d’invisibles complotistes et scélérats !

Ceux qui vous ont créé à leur profit

Vous disent neutres et sans a priori,

Faisant semblant d’ignorer que des abrutis

Ils relayent absurdités et mensonges.

Fascinants outics !

Ce n’est pas que l’intelligence ne sache

Se battre contre la barbarie !

Mais la barbarie occupe jour et nuit

Le terrain que vous leur offre.

Je veux pourtant croire qu'un jour viendra

Où l'intelligence triomphera

Pour faire enfin rimer outic avec Éthique.

 

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18 Nov 2020

Journal de mi-novembre 2020

12/11

Premier jour de beau temps depuis 15 jours. Nous avons pu nous rendre sur une plage magnifique qui se trouve opportunément sur le trajet pour aller à un petit supermarché.

J’ai pu me baigner. Monique trouve l’eau un peu froide et surtout le vent désagréable malgré le soleil éclatant. Au jugé par comparaison avec la Bretagne, je dirais qu’elle était à 19°. Chaud pour un Breton, froid pour un Crétois. La fille de notre propriétaire m’a dit qu’elle ne se baignait qu’au mois d’août lorsque l’eau est à 25° mais jamais avant ni après. En dessous, c’est froid pour elle. En revanche, à Sitia il y a des gens qui se baignent tous les jours de l'année, y compris en hiver. L’eau ne descend pas en dessous de 15/16°, mais quand même !

13/11

Il fait de nouveau très beau. Demain nous irons pour deux jours dans un lieu magnifique au bord de la mer au sud-est. L’avantage du Maraudeur est que c’est un lieu d’habitation mobile. Nous habitons donc où nous stoppons. Ca facilitera les choses en cas de contrôle.

Ce matin comme tous les matins, rando et comme toujours avec Brida, qu’on voit en photo, une fois de plus. Aujourd’hui deux heures de marche et oranges à la clef. Elles commencent à être bien mûres. Les clémentines sont encore vertes. J’en ai quand même gouté une. Elle avait bon goût mais très acide.

Avec les agrumes ce qui est curieux, c’est que leur cycle est très long. En pleine nature, nous en trouvons dès le début novembre et ça se terminera courant juin. Les fruits arrivent à maturité mais certains arbres cumulent fruits et fleurs. Quand c’est le cas, c’est très agréable car l’odeur des orangers m’évoque celle du jasmin, odeur qui m’est chère.

Il semble que la météo soit potable pour la semaine à venir. C’est réconfortant après l’épisode de pluies et d’orages que nous venons de vivre. Encore qu’ici, ce n’était rien comparé aux intempéries autour d’Héraklion, notamment dans la ville de Malia qui a été ravagée par un torrent de boue qui emportait les voitures et obligeait certains habitants à se réfugier sur les toits.

15/11

Kato Zakros, hameau avec une plage au sud-est, très peu fréquenté à cette saison. Nous avons pu profiter du soleil radieux pour la 4° fois. Mais le vent très fort soufflait en rafales violentes. Nous avons marché sur un chemin montant et le vent puissant nous poussait, nous avancions quasiment sans effort. La descente fut moins facile, et même par moments ardue. Comme nous passions le long d’une falaise perpendiculaire au sens du vent, ça accélérait sa force et produisait un vacarme qui nous empêchait de nous parler, impossible de s’entendre, nous marchions arc-boutés contre le vent, la tête baissée. A l'arrivée en bas on avait l'impression d'être vidé. Malgré tout, je me suis baigné. C'est l'avantage quand la température extérieure est basse, l'eau paraît moins froide.

16/11

Lors de notre promenade quotidienne, nous avons découvert un coin où poussent de magnifiques crocus et des petites marguerites avec de jolis pétales blancs bordés de rouge.

17/11

Nous avons fait une belle provision d'oranges et de clémentines qui arrivent à maturité.

 

 

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