Vœux 2021
Recevez mes vœux pour cette nouvelle année. A cette occasion, je vous offre un texte poétique/philosophique sur le silence dont notre monde a oublié la valeur. Je me sens en permanence en butte à des cacophonies de toute provenance, comme s'il fallait absolument occuper l'espace sonore.
Et vous ?
Voici donc ÉPILOGUE CRÉTOIS suivi de ÉLOGE DU SILENCE.
ÉPILOGUE CRÉTOIS
Un jour que le coucher de soleil était particulièrement beau, depuis la terrasse de ma maison crétoise, je me suis dit que j’allais écrire un poème pour parler de mon émotion face à ce spectacle unique et pourtant quotidien.
Comme j’avançais dans l’écriture, j’eus de plus en plus l’impression de répéter ce que d’autres avaient déjà dit. Impression de n’avoir rien de nouveau à écrire.
Comme souvent lorsque j’écris, j’ai changé l’angle de démarrage, raturé, recommencé. Toutes les tentatives restaient infructueuses. Jamais je n’avais rencontré pareille résistance du sujet. Comme une pierre que le ciseau du sculpteur ne parvenait pas à entamer.
Las de ces échecs, je me suis résolu à ne rien écrire sur le coucher de soleil. Alors c’est le silence qui m’a inspiré, thème particulièrement actuel tant l’espace médiatique et politique sont encombrés de discours cacophoniques.
J’ai vécu de longs moments de silence lors de mon séjour en Crète. J’ai pu le sentir, l’écouter, le goûter, le toucher. Il n’est pas unique, il est multiple comme les vents rarement absents de l’île. Si le Meltem, vent du nord domine dans la mer Égée, le vent peut aussi venir des autres directions, avec ses rythmes et ses tempos.
Ainsi comme le vent, le silence peut-il être chaud ou froid, long, violent, menaçant. Il peut être doux comme le Meltem qui apporte un peu de fraicheur quand le temps est chaud mais menaçant, en automne, soufflant en rafales accompagnées de pluie et d’orage.
Le silence, comme le vent parle mais il faut le traduire pour le comprendre. Les marins savent apprendre le vent. J’ai essayé d’apprendre la musique du silence.
ÉLOGE DU SILENCE
Le silence, divers comme le vent et le soleil
Comme la pluie l’orage et la neige
Est porteur de couleurs, de mélodies
Enveloppées de mystère.
Il peut être Infernal et désespérant
Mais toujours demande à être compris.
Il faut du temps, de la patience pour l’aimer,
Il nous apprend à méditer
l’existence de la minute comme le poids des ans.
Ami intime de notre pensée,
Il aime sa compagnie.
Essentiel à la musique
Il est présent dans les mélodies
Il enseigne qu’il faut se taire
Pour gouter la beauté qui les empreint.
Celui du réveil, n’est pas celui du soir,
Ni de la nuit ni du quotidien,
Ni du feu ni du sommeil.
Chacun porte ses mots, simples paroles
Arias ou cantates sublimes.
Le silence nous mène à l’oubli du tumulte
Des verbeux palabres.
Il balaie sans coup férir l’inanité des histrions,
Les cacophonies.
Doux, triste, joyeux, inventif, inouï,
Il n’est jamais indifférent
A qui prend le temps d'écouter.