
Blog de Monique
En Crète déconfinée. Novembre 2021
Jusqu’alors, j’avais vécu deux séjours en Crète pendant des périodes de confinement. Ce mois de novembre 2021, nous sommes ici pour la mer, le soleil, pour nous faire du bien, faire avancer la réparation de mon épaule.
Recherche douceur de Crète contre rigueur islandaise et agitation parisienne.
Location d’un mois face à la mer, à Sitia, donc à 17 km de la maison que nous avions habitée, perchée dans des champs d’oliviers. La maison est toujours là, vide,le bougainvillier que nous avions planté est vivant, il semble avoir manqué d’eau et de soin et, le petit arbre que nous pensions citronnier a produit quelques belles oranges que nous avons évidemment goûtées. Ça s’appelle marauder.
Sitia, petite ville fort sympathique est vivante surtout le soir. Les tavernes, cafénio, tout le long du port s’animent. Nous avons découvert et rencontré des européens,pas mal de français, qui passent ici quelques mois voire plus et pour certains envisagent de s’installer. Beaucoup de personnes seules, on devine desvies cabossées, des besoins de rompre avec des temps, des situations difficiles, et surtout le désir d’une vie plus calme, plus douce.
Les cafés en journée sont surtout occupés par les hommes crétois. Ils jouent au tavli, version grecque du backgammon, discutent.
Nous avons découvert au fil de nos balades dans cette ville pendue, au dénivelé impressionnant, un petit cafénio ouvert àpartir de 17 heures. Le soir où nous y sommes allés il y avait un groupe d’hommes du quartier, des habitués, qui jouent et chantent pour leur plaisir. Ils étaient ravis d’avoir du public, nous avons entendu un concert de Théodorakis, Nana Mouskouri et autres chants qui prenaient aux tripes, chants de résistance, de lutte, donnés avec des voix puissantes et surtout beaucoup de cœur et quelques verres de raki ! Un vrai bonheur, ce moment-là !
Ma question étant : où sont les femmes ? Manifestement à la maison, on les voit peu dans les cafés sauf les dimanches où s’installent de grandes tablées familiales.
Nous sommes dans une culture encore très macho et en même temps les femmes seules ici ne courent aucun risque d’agression, se sentent tout à fait en sécurité à Sitia mais je crois aussi dans toute la Crète.
Mardi16 tous les cafés ont fait grève, mécontents des nouvelles exigences gouvernementales à propos des contrôles d’identité qu’ils doivent effectuer en même temps que le pass sanitaire. Ils réclament rétribution du temps que ça leur prend. Tous ont joué le jeu dans un mouvement solidaire radical qui était suivi également par les commerçants. Même une boulangerie ouverte, qui ordinairement sert des cafés debout, refusait par solidarité.
Sitia faisait ville morte. Savoir que cet esprit de résistance collective (contre les contrôles d'identité par les restaurateurs) existe encore m’a fait du bien. Difficile de savoir ce que cela a produit.
Dans cette petite ville on a le sentiment d’avoir fait un retour arrière, les boutiques ont des allures de nos années 70, les voitures sont pas mal cabossées et les gens sont tranquilles, aimables et souriants. On ressent aussi combien le pays souffre financièrement, peu d’entretien des chaussées, beaucoup de boutiques fermées, beaucoup de maisons en mauvais état mais par ailleurs il y a des réhabilitations d’immeubles ou de nouvelles constructions un peu partout dans la ville. Pour les Grecs ou pour le tourisme ?
Pendant ce mois de novembre nous trouvons ici ce que nous cherchions. Doux, simple pas chichiteux et pas couteux !